Intro-mania

Les opérations annulées, les prétentions ravalées, les premiers pas ratés: rien n'y fait, les déboires rencontrés par certains candidats en Bourse ces dernières semaines ne dissuadent nullement les autres impétrants. Pas un jour ou presque sans que l'on ait vent d'un nouveau postulant. Ce week-end, on apprenait que le cinquième opérateur de téléphonie mobile britannique, Virgin Mobile, s'apprête à dévoiler ses projets en la matière. Ce pourrait être la plus grosse introduction de l'année à la City, la société étant valorisée entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros. Ca se bouscule donc aux portes de la cote, tant à Paris qu'ailleurs en Europe, où les montants levés ce semestre se comparent à ceux de début 2001, à la fin de la "bulle".L'arrivée de féroces détracteurs des marchés financiers ou de groupes jusqu'ici âpres défenseurs de leur indépendance est révélatrice d'une révolution en germe dans l'esprit des entrepreneurs. Ainsi, la banque d'affaires Lazard songerait à se frotter aux marchés pour y côtoyer ses illustres concurrentes américaines à Wall Street, selon le journal Le Monde. Certes, le projet semble tout sauf imminent et se heurte à de farouches adversaires en interne, mais plusieurs banques auraient déjà planché sur le sujet pour faire ressortir une valorisation allant de 3,5 à 4,1 milliards de dollars. Même les apôtres d'un certain néo-anticapitalisme que sont les fondateurs du mythique moteur de recherche Google se sont laissés convaincre. Mais selon leurs conditions, contournant les syndicats bancaires et les méthodes d'allocation habituelles. Pas rancunière, Wall Street sait faire fi de ce pied de nez à ses pratiques ancestrales et attend cette opération comme l'événement de l'année. Au même titre, la possible introduction d'EDF l'an prochain à Paris aura valeur de symbole dans un pays, le nôtre, resté méfiant à l'égard de la "corbeille".On ne saurait a priori que se réjouir de voir les préjugés ainsi dépassés et de cette meilleure presse dont bénéficie la Bourse. Mais est-ce bien mérité et toutes ces entreprises ont-elles leur place au sein de la cote ? Sauront-elle jouer le jeu des marchés ? Ont-elles tiré les leçons de cet édifiant précédent que fut la frénésie d'introductions lors de la bulle de 1998-2000 ? Déjà, certains gérants de fonds promettent de boycotter l'introduction des Pages Jaunes début juillet, une belle valeur de rendement néanmoins marquée au fer rouge par les errements de sa maison-mère France Télécom, qui a retiré de la cote Wanadoo à un prix inférieur de moitié au cours d'introduction en juillet 2000. Une réticence bien compréhensible. Décidément, ce ne sera pas gagné d'avance pour toutes les introductions...
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