Les actionnaires de Shell s'en prennent à la direction

Les assemblées générales de Royal Dutch Petroleum, à La Haye, et de Shell Transport and Trading, à Londres, qui se tenaient aujourd'hui, ont pris des allures de désaveu pour la direction des deux maisons mères du géant du pétrole Royal Dutch Shell.Détenu à 60% par Royal Dutch et à 40% par Shell Transport and Trading, le groupe est en pleine crise depuis qu'il a avoué en janvier dernier qu'il avait surévalué le niveau de ses réserves d'hydrocarbures de 23% en 2003. En effet, afin de pouvoir respecter les critères de la SEC en ce qui concerne la comptabilisation des "réserves prouvées" en hydrocarbures, le groupe a été contraint de "reclasser" quelque 4,9 milliards de barils d'équivalent pétrole sur les 19,5 milliards inventoriés dans ses réserves en 2002. Cette situation a plongé Shell dans la crise la plus importante de son histoire. Son président Phil Watts a été contraint de démissionner en mars 2004, un audit interne ayant démontré sa responsabilité dans l'affaire. Ses indemnités de départ, de 1,6 million d'euros, sont d'ailleurs montrées du doigt par les actionnaires en colère. D'autres responsables du groupe ont également dû partir, et une vaste réflexion sur les structures de l'entreprise a été engagée.Six mois après la révision à la baisse du niveau de ces réserves, les actionnaires réunis à La Haye et à Londres ont eu aujourd'hui l'opportunité, pour la première fois, d'exprimer leur colère.Ainsi, à La Haye, 40% des actionnaires ont voté contre la résolution permettant d'entériner le travail du management de Royal Dutch Petroleum lors de l'année 2003. Des actionnaires américains avaient prévenu qu'ils voteraient contre cette résolution, afin de mettre la direction face à ses responsabilités. Et à Londres, 10% des votants ont pour leur part désapprouvé le niveau de rémunération de la direction. Même si les scores ainsi obtenus ne suffisent pas à faire chuter la direction, qui a rassemblé la majorité des voix, ils n'en constituent pas moins un désaveu cinglant et d'une ampleur relativement exceptionnelle.Depuis plusieurs semaines, les investisseurs réclament notamment une plus grande transparence de la part du management. Le groupe lui-même réfléchit à la possibilité d'une fusion entre Royal Dutch et Shell Transport, pour une simplification des structures (lire ci-contre). Car Royal Dutch Shell est régi par une organisation complexe: la direction exécutive est contrôlée par les conseils de surveillance des deux maisons-mère, ce qui ne facilite pas l'efficacité dans la gestion du groupe. Ni la gestion de crise.
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