Petits cadeaux entre banquiers

Imaginons un instant. Christian Noyer, le successeur de Jean-Claude Trichet à la Banque de France, vient de passer son week-end de Pâques en famille dans un palace de la Côte d'Azur à l'invitation de BNP Paribas. Pour faire bonne mesure, la banque a également loué un avion privé pour que le gouverneur, homme forcément très occupé, ne perde pas de temps à l'enregistrement. Imaginons encore un instant que cette escapade ait été connue et fasse la Une de la presse économique ce matin. On peut espérer qu'à sa lecture, le scandale soit retentissant. Tout cela n'est qu'une pure fiction, bien sûr. En France, du moins. Mais pas en Allemagne et en Italie. Dans ces deux pays, les gouverneurs des banques centrales viennent d'être épinglés pour avoir accepté des cadeaux de banques privées. Le premier a séjourné en famille dans un palace berlinois aux frais de la Dresdner Bank. Le second a voyagé en avion privé pour participer aux pèlerinages de Lourdes et Saint Jacques de Compostelle aux frais du patron de Capitalia. Les cas sont peu ou prou similaires mais une différence de taille subsiste : Ernst Welteke a dû se mettre en congé de la Bundesbank alors qu'Antonio Fazio siège toujours à la Banque d'Italie. Les différences entre le Sud et le Nord ont décidément la vie dure.Au delà de l'anecdote, pas si insignifiante au demeurant, c'est bien la question de la proximité entre les banques et leurs autorités de régulation qui se trouve à nouveau posée. Même si accepter des cadeaux et se faire acheter sont deux choses fondamentalement différentes (quoique...), il est choquant de voir des titulaires de fonctions publiques élevées accepter, en toute connaissance de cause, ce qui peut apparaît comme des gratifications. Personne ne soupçonne ni Antonio Fazio ni Ernst Welteke d'avoir pris des décisions en faveur de leurs puissances invitantes mais s'ils devaient un jour ou l'autre se pencher sur la Dresdner ou Capitalia, le doute risque de s'insinuer. Dans beaucoup de banques, les scandales récents ont conduit les directions à renforcer leurs codes de déontologie et à faire preuve de sévérité à l'encontre d'employés indélicats. Comme toujours, l'exemple doit venir d'en haut. Les principaux responsables bancaires et les autorités de tutelle se doivent d'être éthiquement irréprochables. C'est une question de confiance.
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