Drôle de corbeau

Depuis quelques semaines, l'étau s'était resserré autour de François Marland. Les avocats qui travaillent d'arrache-pied sur l'affaire Executive Life étaient sur le point d'obtenir son audition dans le cadre de la procédure civile, ou au minimum la communication de son témoignage devant le grand jury dans le cadre de la procédure pénale. Bref, l'anonymat de Monsieur X était sur le point d'être levé. C'est pourquoi l'ancien homme d'affaires a décidé de tomber le masque dans une spectaculaire interview à l'hebdomadaire Paris Match. Avec cette révélation, c'est un des derniers mystères de cette affaires qui est levé. Proche de la Maaf, François Marland avait servi d'intermédiaire lors de la reprise de la compagnie d'assurance californienne entre la mutuelle française et Altus, la filiale du Crédit Lyonnais. Mieux que quiconque, il est bien placé pour connaître les failles du montage qui ont valu aux parties françaises (le CDR, le Crédit Lyonnais et Artémis, le holding de François Pinault) de transiger au pénal pour plus de 770 millions de dollars en décembre dernier. Ils savent désormais à qui ils doivent d'avoir signé un chèque avant autant de zéros.La motivation de François Marland tient en un mot : la vengeance. Retiré en Suisse, l'homme d'affaires se plaint d'avoir été mal traité par la banque publique qui l'a pourtant soutenu lors de la constitution d'un groupe de distribution. Ses affaires tournant mal, François Marland a été conduit à céder ses parts pour 160 millions de francs. Pas mal pour un jeune businessman parti de rien dont le groupe pesait certes 7 milliards de francs de chiffre d'affaires mais accumulait les dettes. La banque n'aura d'ailleurs d'autre solution que de déposer le bilan et rallongera 140 millions de francs pour fermer boutique. François Marland victime du Lyonnais, c'est une thèse un peu hardie, mais l'ancien avocat ne manque pas d'aplomb. C'est d'ailleurs son attitude face aux magistrats de Toulouse, jugée particulièrement arrogante, qui lui a valu de passer onze jours en détention provisoire. Onze jours de prison avant un non lieu, c'est bien sûr beaucoup trop. Mais de là à vendre la mèche à Los Angeles... Surtout, dans son entretien à Paris Match, François Marland oublie d'indiquer qu'il est toujours sous le coup de poursuites engagées en 1998. Le dossier a été confié au juge Courroye qui a transmis les éléments au parquet. Si le cas n'est pas prescrit, l'ancien homme d'affaires pourrait bien se retrouver devant un tribunal correctionnel. Cela ne suffit pas à faire de lui un coupable, il est toujours présumé innocent, c'est important de le dire. Mais sans doute le costume de victime du Crédit Lyonnais est-il un peu trop large pour lui...
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