Chirac charge Villepin de défendre le "modèle français"

Le président Jacques Chirac a confié au nouveau Premier ministre, Dominique de Villepin, la tâche de s'attaquer au problème de l'emploi en s'inscrivant "résolument dans le respect de notre modèle français". Intervenant mardi soir à la télévision, au terme d'une journée marquée par la démission de Jean-Pierre Raffarin, le président de la République a tenté de reprendre l'initiative deux jours après la violente défaite du oui au référendum sur la Constitution européenne.Dans son intervention télévisée, Jacques Chirac a livré son analyse de ce scrutin : "Ce vote ne marque pas le rejet de l'idéal européen. C'est une demande d'écoute. C'est une demande d'action. C'est une demande de résultats.". D'où la décision de changer de gouvernement et de confier à son ministre de l'Intérieur Dominique de Villepin la responsabilité de constituer une équipe "unie et déterminée" pour s'attaquer aux problèmes des Français et, en tout premier lieu, à celui du chômage. La feuille de route définie pour le nouveau gouvernement exclut malgré tout l'hypothèse de réformes radicales. Le modèle français que veut défendre le président de la République, en effet, "ce n'est pas un modèle de type anglo-saxon". Sans pour autant prôner l'immobilisme, bien sûr. Jacques Chirac a ainsi évoqué "un modèle fondé sur le dynamisme et l'initiative individuelle, sur la solidarité et sur le dialogue social".Le président a certes affirmé que "quand il s'agit de la croissance, du chômage et de la précarité, aucune solution ne doit être écartée par préjugé, aucune ne doit être découragée. Le seul critère est celui de l'efficacité".L'emploi est donc ainsi élevé quasiment au rang d'unique priorité du nouveau gouvernement, alors même que la question européenne, pourtant à l'origine de la crise de dimanche dernier, n'a presque pas été évoquée par le président de la République.C'est sans surprise que, deux jours après le référendum, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a présenté en fin de matinée sa démission, ainsi que celle de son gouvernement. Dans la foulée, Jacques Chirac a donc décider de remplacer Jean-Pierre Raffarin par Dominique de Villepin. Le Premier ministre démissionnaire a annoncé qu'il "soutiendra de toute son expérience" son successeur à Matignon et qu'il va revenir "au coeur de la société française" pour "poursuivre autrement le service de notre pays". L'ancien chef de la diplomatie française était en compétition avec l'actuelle ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, et le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy.La principale surprise de la journée tient d'ailleurs à la présence de ce dernier dans l'équipe de Dominique de Villepin. Comme l'a précisé Jacques Chirac dans son allocution, "j'ai demandé à Nicolas Sarkozy de rejoindre le gouvernement comme ministre d'Etat, ce qu'il a accepté". Nicolas Sarkozy occupera très vraisemblablement les fonctions de ministre de l'Intérieur - un ministère qu'il a déjà dirigé avant de prendre les rênes de Bercy - tout en étant le véritable numéro deux de Dominique de Villepin. Un choix qui ne peut manquer de surprendre, tant la rivalité entre les deux hommes est de notoriété publique.Il apparaît en outre que Nicolas Sarkozy conservera en parallèle ses fonctions de président de l'UMP. Or il avait dû quitter prématurément le gouvernement voici six mois sur injonction de Jacques Chirac qui jugeait alors incompatibles les fonctions de ministre et de président de parti.La composition du gouvernement, en tout état de cause, ne devrait pas être connue tout de suite. La seule indication qui a été donnée est qu'elle sera rendue publique d'ici la fin de la semaine. Mais d'ores et déjà, le président de l'UDF François Bayrou a annoncé que son parti avait décidé "de ne pas participer au gouvernement" de Dominique de Villepin. Le ministre des Transports Gilles de Robien, unique ministre UDF du gouvernement Raffarin, pourrait néanmoins, selon plusieurs sources de la majorité, succéder à Dominique Perben au ministère de la Justice. Dominique de Villepin, un intime du présidentAgé de 51 ans, Dominique de Villepin était ministre de l'Intérieur depuis mars 2004, après avoir été ministre des Affaires étrangères à partir de mai 2002. Diplomate de carrière, c'est avant tout un intime de Jacques Chirac, dont il a été le plus proche collaborateur pendant sept ans, en tant que secrétaire général de la présidence de la République de 1995 à 2002. Il avait auparavant dirigé le cabinet du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, de 1993 à 1995. Enarque, il a fait l'essentiel de sa carrière dans la diplomatie. Durant son passage à la tête du quai d'Orsay, il s'est illustré en menant la fronde contre le projet américain de guerre en Irak. Ses interventions fracassantes à la tribune de l'Onu ont alors contribué à le faire connaître. En revanche, Dominique de Villepin n'a jamais été élu.
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