La CGT se déchire sur le référendum européen

Le débat sur l'opportunité ou non de ratifier le projet de Constitution européenne ne divise pas seulement les partis politiques comme le PS ou l'UMP. Un syndicat comme la CGT en fait à son tour l'amère expérience. Son Comité confédéral national vient de voter à une écrasante majorité le principe d'un vote négatif au référendum à venir sur la Constitution, contre la volonté de la direction du syndicat. Une initiative immédiatement dénoncée par Bernard Thibault.C'est à 82% des suffrages exprimés que le Comité confédéral national de la CGT s'est prononcé aujourd'hui "pour le rejet de ce Traité constitutionnel" européen. Cette instance de la CGT, qui regroupe les responsables d'unions départementales et de fédérations professionnelles, a ainsi émis une sorte de consigne de vote négative adressée aux 700.000 adhérents de la centrale syndicale.La prise de position de ce comité n'est pas une surprise en soi. Proche de la base, ses membres reflètent l'hostilité très claire manifestée par celle-ci envers une constitution jugée trop "libérale". Selon certaines estimations, environ 80% des militants CGT seraient hostiles au projet. Et ces dernières semaines, plusieurs fédérations comme celles des cheminots, de l'agroalimentaire, de la recherche et de l'enseignement, ont pris position en faveur d'un non au référendum.Illustration de cette hostilité envers le projet de Constitution: le secrétaire général de la CGT cheminots Didier Le Reste a affirmé à l'AFP que "sans surprise, il y a une majorité à la CGT pour rejeter les orientations libérales, y compris au niveau européen". Reste que cette prise de position du Comité confédéral national constitue un sérieux camouflet pour la tête du syndicat. Engagé depuis des années dans un mouvement de rapprochement des idées européennes, la direction menée par Bernard Thibaut voulait que la CGT se borne à une simple "appréciation syndicale" des enjeux de la Constitution, sans donner de consigne de vote.De ce fait, la réaction de Bernard Thibault ne s'est pas faite attendre. Le secrétaire général de la CGT a publié une "adresse" au vitriol dans lequel il "prend acte" de la prise de position du Comité tout en "désapprouvant le processus et la démarche qui caractérisent ses décisions". Selon lui, en effet, cette initiative du Comité est "en rupture avec nos orientations de congrès sur plusieurs points essentiels qui ont été largement approuvés jusqu'ici par les syndiqués de la CGT". Et le secrétaire général de poursuivre: "les débats et les votes du CCN mettent en évidence de graves carences en matière de démocratie interne et de respect des règles de vie commune entre les organisations qui composent la CGT".Autant de questions qu'il entend soumettre à la Commission exécutive confédérale qui se réunit le 8 février. La question européenne pourrait donc devenir une nouvelle pomme de discorde de première importance au sein d'un syndicat écartelé entre son aile modernisatrice, menée par Bernard Thibault, et ses composantes plus traditionalistes.
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