Katrina, un fardeau difficile à chiffrer pour l'économie américaine

Alors que La Nouvelle-Orléans cherche encore à faire évacuer les derniers habitants de la ville dévastée, les économistes ont pris leur calculette. Non pas uniquement pour compter les morts. Le coût humain sera très lourd, on le sait déjà. Mais pour voir aussi quel sera l'impact de l'ouragan sur l'économie américaine. L'équation, à leurs yeux, est la suivante: d'un côté, les secours d'urgence devraient coûter au moins 150 milliards de dollars, et la reconstruction encore 150 milliards supplémentaires, sur 10 à 15 ans. Autant de moins dans les caisses de l'Etat, alors qu'il y a déjà déficit budgétaire. De l'autre, la perte d'activité économique due aux dégâts serait, dans l'immédiat, de 40 milliards de dollars. Auxquels il faut rajouter environ 150 milliards de dollars de coûts énergétiques, si les prix du pétrole et de l'essence, renchéris par le passage de l'ouragan, se maintiennent à des niveaux élevés. Un tel scénario est fort possible, puisque pour l'instant, le port de La Nouvelle-Orléans, par où transitait le pétrole allant alimenter le reste du pays, ne fonctionne plus. De nombreuses plates-formes pétrolières, dans le Golfe du Mexique, sont aussi hors d'usage, de même que des raffineries, le long de la côte. Bref, on parle d'un côté, en excluant les secours d'urgence, d'un total de 190 milliards de dollars, soit le manque à gagner économique et le nouvel "impôt" pétrolier, et de l'autre, d'une injection de 150 milliards de dollars d'argent frais dans l'économie pour la reconstruction - quand elle commencera. Autant dire que les chiffres ne tombent pas juste... Pis, l'ouragan pourrait créer un "choc" pétrolier qui ne ferait que s'ajouter à l'existant. Or, l'augmentation du prix du pétrole et de l'essence à la pompe a déjà prélevé son fardeau ces derniers mois sur l'activité du pays. Le tout pourrait donc, selon les calculs de certains, saigner en fait l'économie américaine de quelque 290 milliards de dollars. Dans l'immédiat. Comment alors imaginer que la stimulation apportée par la reconstruction, qui s'étalera sur des mois, des années et même des dizaines d'années, pourrait contrebalancer une ponction aussi brutale? Pour rester optimiste, il faut compter sur la résistance des consommateurs américains. Malgré le renchérissement du prix de l'essence, ils pourraient continuer de consommer et de tirer l'économie vers le haut. A l'image, d'ailleurs, de l'étonnante capacité de résistance dont font preuve les réfugiés sortis de l'enfer en Louisiane.
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