A quoi joue Poutine ?

Ce grand patron français résume à la perfection l'état d'esprit des investisseurs: en tête à tête, Vladimir Poutine lui a demandé d'établir une présence significative en Russie. Diplomate, le patron a répondu que l'idée était excellente. "Je n'irai jamais", confiait-il de retour à Paris.En se généralisant, cette méfiance commence à coûter cher à la Russie. A environ 5% au premier trimestre, la croissance a chuté d'un tiers en un an. L'indice RTS de la Bourse de Moscou, qui avait bondi de 57,3% en 2003, a gagné moins de 6% en 2004. Près de dix milliards d'euros de capitaux ont quitté la Russie l'an dernier. Selon la Cnuced, la Fédération n'a attiré qu'un petit milliard de dollars d'investissements étrangers, près de quatre fois moins que l'année précédente et beaucoup moins que la Hongrie ou la République tchèque.Autant dire que le bilan n'est pas flatteur pour ce pays de 145 millions d'habitants dont le PIB ne dépasse toujours par le tiers de celui de la France, le tout malgré un baril de pétrole à plus de cinquante dollars - l'or noir représente à lui seul 30% des exportations russes.Fallait-il arrêter Mikhaïl Khodorkovski le 25 octobre dernier et le jeter en prison? Faire en sorte que le joyau de son groupe Ioukos tombe entre les mains du groupe public Rosneft?Dans un premier temps, le monde des affaires et les acteurs des marchés financiers ont répondu que ces questions ne les concernaient pas. Aujourd'hui, l'affirmation est moins catégorique, la confiance en Poutine clairement ébranlée.Elle l'est surtout depuis le 11 avril et l'annonce par le joint-venture pétrolier TNK-BP que 800 millions de dollars d'arriérés d'impôts pourraient lui être réclamés. Qu'avait déclaré le président russe quelques jours plus tôt? Que les contrôles fiscaux ne feraient l'objet d'aucun débordement...Alors de deux choses l'une: ou Vladimir Poutine se plait à souffler le chaud et le froid, ou il maîtrise beaucoup moins bien qu'il ne le laisse entendre les leviers du pouvoir. Dans le discours sur l'état de l'Union qu'il vient de prononcer, le maître du Kremlin a affirmé que "les autorités fiscales n'ont aucun droit de terroriser les entreprises". Il a promis que tous les capitaux rapatriés ne seraient soumis qu'à un prélèvement unique de 13%.Faut-il croire, cette fois, l'ancien officier du KGB qui quelques minutes plus tôt regrettait "la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle" - la chute de l'Union Soviétique?
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