La bulle immobilière américaine est alimentée... par la Chine

Quel rapport y a-t-il entre un ouvrier chinois qui s'échine dans une filature à Canton et un ménage américain qui achète, en Californie ou ailleurs, une première, voire une deuxième maison? A priori aucun. Et pourtant, c'est grâce à l'énorme déficit de la balance commerciale américaine, en particulier avec la Chine, que les ménages américains peuvent se permettre de vivre à crédit, en empruntant, à des taux d'intérêt à long terme très bas, pour acheter leur home sweet home. Car la banque centrale chinoise, ne sachant plus que faire des dollars qu'engrange le pays en paiement des produits bon marché exportés aux Etats-Unis, n'a d'autre solution que d'acheter des obligations du Trésor américain. Ce faisant, elle permet aux taux longs de rester bas. Du coup, il ne se passe pas un mois sans que le marché immobilier américain n'affiche un nouveau record, que ce soit pour les maisons neuves ou anciennes. Certains investisseurs préfèrent d'ailleurs, alors que Wall Street a tendance à faire du surplace, s'intéresser à la pierre plutôt qu'aux actions. Du coup, les prix immobiliers montent. Au niveau national, ils ont ainsi grimpé de 15% par rapport à l'an dernier. Ceux des villas de luxe, dans la région de Los Angeles, ont quant à eux augmenté de 23% sur le seul premier trimestre, dépassant en moyenne et pour la première fois le chiffre de 2 millions de dollars. Alan Greenspan, le président de la Réserve Fédérale, a beau commencer à s'inquiéter, sans parler du fait que la banque centrale ne cesse de relever ses taux d'intérêt à court terme, rien n'y fait. Malgré la demande accrue, les taux d'intérêt à long terme continuent de baisser. Ils se situent actuellement, pour un emprunt hypothécaire à trente ans, à 5,7% environ, soit plus d'un demi point de moins qu'en juin dernier, mois qui a signé le début du mouvement de resserrement monétaire initié par la Fed. Le danger d'une bulle immobilière est donc bien réel. Mais comment enrayer cette spirale? Pour certains observateurs, le marché immobilier ne se calmera que quand les taux longs (pour les emprunts hypothécaires) atteindront les 6,5%. D'autres estiment que seul un ralentissement général de l'activité aux Etats-Unis mettra un frein à cette frénésie immobilière. Ce qui signifie aussi que personne ne veut vraiment parier pour l'instant sur une réévaluation du yuan chinois, qui, en renchérissant les exportations, priverait, tout en corrigeant le déficit de la balance commerciale, le Trésor américain d'un acheteur de poids, la banque centrale chinoise, pour ses obligations.
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