Les Etats-Unis sous le choc de Katrina

Le bilan du passage du cyclone Katrina s'alourdit de jour en jour et la situation dans le sud des Etats-Unis apparaît loin d'être sous contrôle. Selon une étude publiée par la société américaine Risk Management Solutions (RMS), spécialisée dans la gestion des catastrophes, le bilan financier pourrait dépasser tout ce qui avait été envisagé jusqu'ici et s'établir au-dessus des 100 milliards de dollars... Lundi dernier, cette même société prévoyait un bilan allant de 10 à 25 milliards de dollars. Mais la rupture de la digue protégeant les grandes villes devrait gonfler la note et plus de 50 milliards de dollars devraient être imputables aux dégâts provoqués par les inondations frappant désormais La Nouvelle-Orléans. D'un point de vue humain, les ravages ont de quoi inquiéter le pays le plus riche du monde. Le cyclone a probablement fait "des milliers de morts", affirmait jeudi la gouverneure de Louisiane, Kathleen Blanco, qui estimait par ailleurs que près de 300.000 personnes étaient toujours en attente d'évacuation, uniquement en Louisiane. Mais vendredi soir, un sénateur de Louisiane est allé jusqu'à avancer l'hypothèse que le cyclone ait fait plus de 10.000 morts dans cet Etat...Pour l'heure, les autorités semblent plutôt portées à minimiser l'ampleur de la tragédie, et affirment que 125 morts seulement ont été décomptés dans le Mississippi et que 30.000 personnes sont toujours en attente d'évacuation. Et pourtant, 235.000 kilomètres carrés ont été ensevelis sous l'eau, soit l'équivalent de la moitié de la France.Situation sécuritaire inquiétanteLes opérations d'évacuation de La Nouvelle-Orléans sont compliquées en raison des scènes de violence qui règnent dans la ville. Il faut dire que ce sont les minorités du pays qui sont le plus touchées par les dévastations, une situation qui leur donne l'occasion de manifester leur mécontentement. A tel point que même les forces de l'ordre présentes sur place se font tirer dessus.Du coup, 22.000 gardes nationaux devraient arriver dans les prochaines heures en Louisiane, mais cela risque de ne pas suffire. D'autant que les renforts ont beaucoup de mal à arriver sur place. D'ores et déjà, des soldats rentrés d'Irak ont été déployés. Leur expérience devrait aider à faire face à ces scènes de chaos, "ils savent comment tirer et tuer et sont plus que volontaires pour le faire si nécessaire et j'espère qu'ils le feront", a lancé Kathleen Blanco....Appel à l'aide internationaleLa situation est particulièrement préoccupante sur le plan sanitaire et sécuritaire, que des milliers de sinistrés réfugiés subissent de plein fouet. A La Nouvelle-Orléans, le maire de la ville a lancé un "SOS désespéré" pour venir en aide aux 15 à 20.000 sinistrés réfugiés dans le Centre des Conventions de la ville, où la sécurité et la nourriture viennent à manquer. Une véritable situation de crise humanitaire dans le pays le plus riche du monde.Pour faire face à ces demandes, le Congrès américain a débloqué 10,5 milliards de dollars. Par ailleurs, les Américains se sont lancés dans un énorme élan de générosité pour venir en aide aux sinistrés. Via Internet, le téléphone ou les magasins, 150 millions de dollars ont déjà été récoltés.Mais c'est justement face à l'ampleur de cette crise que le bât blesse. Après avoir dit haut et fort "nous allons nous en sortir par nous mêmes", George Bush est revenu sur ses propos et a lancé un appel à l'aide internationale, notamment pétrolière. Le pays a donc finalement décidé d'accepter toutes les offres d'assistance d'où qu'elles viennent.L'Union Européenne (UE) s'est déclarée prête à fournir tout ce dont auraient besoin les Etats-Unis, y compris en puisant dans ses réserves stratégiques de pétrole, a affirmé le Haut représentant pour la politique étrangère de l'UE Javier Solana. "Tout ce qu'ils demandent, on leur donnera, des réserves de pétrole (...) à toute autre chose dont ils auraient besoin", a déclaré Javier Solana au deuxième jour de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Newport, au Pays des Galles. Des pays développés comme l'Australie, la Belgique, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne ou encore le Canada ont affirmé qu'ils viendraient en aide aux Etats-Unis. Mais des pays beaucoup moins riches comme la République Dominicaine, le Honduras, la Jamaïque ou le Mexique ont aussi dit oui. Un grand besoin d'aide en termes de carburantMais surtout, alors que le pétrole est monté jusqu'au prix record de 70 dollars le baril, le cyclone a ravagé un dixième des capacités de raffinage des Etats-Unis. Les effets à long terme sur les infrastructures et les systèmes de distribution devraient être beaucoup plus importants, selon l'Agence Economique d'Information sur l'Energie (AEIE). C'est pourquoi elle a demandé de l'aide à ses pays membres afin de faire face à la pénurie en carburant. Enfin, d'un point de vue économique, Katrina risque d'avoir des effets néfastes sur le PIB et sa croissance dans les prochains mois. D'ailleurs, la banque américaine Lehman Brothers a réduit ses prévisions de croissance du PIB au troisième trimestre de 4,1% à 3,8%. Pour un de ses économistes, les Etats concernés par les ravages du cyclone participent à près de 3% de l'économie américaine.Katrina pourrait mettre certains assureurs en dangerFitch Ratings a réévalué le montant global des sinistres causés par Katrina auprès des assureurs. L'agence de notation estime d'ailleurs qu'il faudra du temps avant d'arriver à une véritable estimation. Fitch Ratings table donc désormais sur une fourchette des sinistres allant de 9 à 25 milliards de dollars, tout en espérant que ces montants ne devront pas être réévalués prochainement. Si c'était le cas, Katrina représenterait le plus important sinistre subi par les compagnies d'assurance depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui avaient coûté 20,1 milliards de dollars et l'ouragan Andrew en 2004 dont le montant global s'était élevé à 20,5 milliards. Et surtout, Fitch souligne que si les montants dépassent la barre des 25 milliards de dollars, certains gros assureurs pourraient être confrontés à des problèmes financiers importants, allant même jusqu'à la faillite dans certains cas.
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