Etats-Unis : le "boom" de l'immobilier court-il au "badaboum" ?

Toujours plus haut, toujours plus fort. En dépit des craintes exprimées par de nombreux économistes, opérateurs de marché et par le président de la Réserve fédérale, l'excellentissime Alan Greenspan lui-même, le marché de l'immobilier américain continue de prospérer. Les mises en chantier de logements ont progressé de 5,3% en novembre par rapport à octobre aux Etats-Unis, pour atteindre 2,123 millions d'unités en rythme annuel, battant ainsi les pronostics des analystes de Wall Street qui commencent sérieusement à avoir le vertige.Malgré le resserrement à treize reprises consécutives du taux directeur de la "Fed", les Américains continuent à investir, mais aussi à puiser, dans cette formidable ressource que constitue leur "home sweet home". Car s'ils s'entêtent à placer leur argent dans la pierre, comme en témoigne le bond de 13% des ventes de logements neufs enregistré entre octobre et septembre, les ménages ont aussi tendance à confondre leur doux logis avec un véritable tiroir caisse!Aux Etats-Unis, les établissements financiers ont ouvert en grand les vannes du crédit hypothécaire, qui permet d'utiliser la garantie offerte par une hypothèque à des fins de consommation courante. Pour l'instant tout va bien... ou presque, puisque même dans l'immobilier ancien, qui affiche quelques signes de tassement, les prix demeurent orientés à la hausse. Le prix médian des logements revendus a en effet grimpé de 16,6% à 187.000 dollars entre octobre 2004 et octobre 2005. Reste que la hausse des taux - qui certes demeurent relativement bas d'un point de vue historique - commence à peser sur les perspectives du marché. Le taux d'un prêt hypothécaire fixe à 30 ans s'élevait en moyenne à 6,30% la semaine dernière contre 5,68% un an plus tôt et tous les spécialistes s'accordent à dire que cette remontée ne fait que commencer. De plus, la démocratisation du marché de l'immobilier, qui consiste à prêter davantage d'argent à des ménages dont le taux d'épargne est devenu négatif, n'est pas sans risque. Déjà, de vilaines fissures apparaissent sur la belle façade du marché immobilier américain. Les obligations adossées à des crédits immobiliers accordés aux emprunteurs jugés les plus risqués ont reculé de 2,5% depuis septembre, le marché craignant que la hausse attendue des taux ne pousse 150.000 américains au défaut de paiement. Or, à la fin juin, 13,4% des crédits hypothécaires étaient précisément accordés à ce type de clientèle.Dans ce contexte, la bulle immobilière peut-elle exploser en plein vol ? Peut-être, mais pas forcément assurent les conjoncturistes ébahis par le dynamisme de l'économie américaine. Merrill Lynch rappelle toutefois l'énigme de l'oeuf et de la poule et le fait que l'immobilier a contribué pour moitié à la croissance de la première économie mondiale depuis 2001. Espérons, dans ces conditions, que les Cassandre ont tort. Les Cassandre, mais les professionnels aussi, puisque si l'on en croit l'Association nationale des constructeurs de maisons, l'optimisme de ces derniers se trouve actuellement au plus bas depuis trente-deux mois.
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