La psychanalyse en chansons

"Yvette et Sigmund", un spectacle musical d'Hélène Delavault sur le dialogue entre la chanteuse de cabaret Yvette Guilbert et Sigmund Freud. Une drôle de séance!

Sur la scène du Théâtre du Rond-Point, la très spirituelle mezzo-soprano Hélène Delavault dévoile un épisode inédit de l'histoire de la psychanalyse et de la chanson populaire. Au mois d'août 1889, Sigmund Freud passe quelques jours à Paris pour prendre part au congrès international d'hypnotisme. La capitale est en pleine effervescence: festivités du premier centenaire de la révolution française, exposition universelle, inauguration de la Tour Eiffel...

Sur la scène du café-concert L'Eldorado, une chanteuse débutante fait chavirer les hommes, c'est Yvette Guilbert. Elle deviendra célèbre, immortalisée par Toulouse-Lautrec. Pour l'heure, Sigmund Freud est sous le charme. Flattée, la chanteuse lui dédicace une photo. Il la gardera toujours accrochée au mur de son bureau de la Berggasse à Vienne, devenu son musée. Phallique en diable et plein de sous-entendus salaces, le répertoire de la chanteuse avait de quoi intéresser l'inventeur de la psychanalyse: "La tour Eiffel" vue par deux jeunes mariés de province en voyages de noces à Paris, la solitude du "Gardien de phare", "La petite mitrailleuse"...

Avec un abattage digne de son modèle, Hélène Delavault reprend avec humour ces chansons dans son spectacle. Entrecoupant ces airs de dialogues avec son partenaire, le pianiste et percussionniste Jean-Pierre Drouet, névrosé patent, elle creuse la relation ambigüe entre les deux célébrités, les malentendus issus d'une incompréhension fondamentale. Elle est plutôt sceptique, ironique, voyant dans la psychanalyse, un "charabia", des "idées étranges et compliquées", "un moyen d'encourager les femmes à s'allonger".

Lui, du genre obsessionnel, est plutôt enthousiasmé par les découvertes freudiennes. En tant que percussionniste, il donne des arguments... percutants. A entendre certains airs de la chanteuse, on est plutôt enclin à le suivre dans ses interprétations. Comme quand elle chante "Les Foetus" de Maurice Nac-Nab: "Et vous seuls, vous savez, peut-être, si c'est le suprême bien-être que d'être mort avant de naître!". Vite, au divan!

Théâtre du Rond-Point, jusqu'au 23 décembre, tél. 01 44 95 98 21.

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