Marché de l'art 2006 : tous les records battus à Paris

Avec un demi-milliard d'euros de chiffre d'affaires, jamais les enchères tricolores ne se sont aussi bien portées. D'innombrables records ont été battus - comme les 5,9 millions d'euros payés pour ce masque du Gabon - et toutes les maisons sont gagnantes.

C'est du jamais vu: toutes les sociétés de ventes aux enchères parisiennes affichent pour 2006 des résultats en hausse, toujours à deux chiffres, parfois au dessus de 50% de progression. Ainsi, le montant des adjudications d'oeuvres d'art de Drouot, qui réunit près de 70 sociétés, dépasse pour la première fois de sa longue histoire les 500 millions d'euros, 18% de plus que les déjà exceptionnels 414 millions obtenus l'an passé. C'est pour le président de Drouot Holding, Georges Delettrez, "la preuve de la consolidation de la place déterminante de Paris dans le marché mondial".

Les autres commissaires-priseurs ont également le sourire: si Christie's France (filiale d'Artemis), avec 200 millions (+75%) à lui seul, se place largement en tête du hit parade francilien, Artcurial (Dassault-Pastor) dépasse les 100 millions (+22%), Sotheby's réalise 62,6 millions (+43%) et Piasa (Artemis) obtient 37,3 millions (+11%). Les "petites" maisons (Million, 28,5 millions), Beaussant-Lefebre (20,5 millions) ou Camard (13,66 millions) sont également très performantes.

Tiré par l'ouverture du Musée du quai Branly, le secteur des arts primitifs a dominé l'année 2006, avec plusieurs enchères records, un masque Fang du Gabon adjugé 5,9 millions d'euros (photo), la collection Lebel de 16 masques Eskimo 3,6 millions, un appui-tête Luba du Congo 1,35 million. Autres secteurs vedettes, l'Art déco (4,1 millions une jardinière d'Albert Rateau ou 1,5 million une table basse de Pierre Legrain), la peinture (ancienne avec un "Portrait du Général Meunier" de David, 3,1 millions, ou moderne avec une "Jeune fille aux anémones" d'Henri Matisse, 5,1 millions), mais aussi la photographie (5,1 millions pour la succession Brassaï), la bibliophilie (bibliothèque Berès, 30 millions), l'art asiatique (4,2 millions pour une jarre Yuan) et même le mobilier classique, pourtant assez délaissé (696.000 deux consoles Louis XV).

Si le marché, très international, des grands collectionneurs demande essentiellement des pièces de grande qualité, les objets plus courants trouvent également acheteurs, à des prix désormais soutenus. Cette spirale inflationniste, que l'on constate également sur toutes les autres places, n'inquiète pourtant pas les commissaires-priseurs parisiens, qui considèrent que les nouvelles fortunes, russes et chinoises , comme les énormes gains boursiers anglo-saxons, sont là pour alimenter un marché dans lequel la demande, qui s'élargit, est largement supérieure à l'offre, qui se rétrécit. La preuve, précise François Curiel, président de Christie's Europe: "plus de 85% des lots mis aux enchères trouvent preneur. Le problème du retournement de cette inflation se posera quand ce taux sera au niveau des 70%".

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