Londres enterre l'enquête sur les contrats saoudiens de BAE Systems

Le Serious Fraud Office met fin prématurément à l'enquête sur d'éventuels détournements de fonds au profit de la famille royale saoudienne liés à des contrats obtenus auprès de Ryad par des firmes britanniques. Principalement sur la sellette, BAE Systems devrait ainsi sauver son énorme contrat de vente d'avions de combat Eurofighter Typhoon à l'Arabie saoudite.

BAE Systems peut tirer un grand soupir de soulagement. Le Serious Fraud Office (SFO), la plus haute instance anti fraude britannique, a décidé de mettre fin à l'enquête anti corruption qu'il menait depuis deux ans et demi sur les contrats signés entre le groupe de défense britannique et l'Arabie Saoudite dans les années 80.

Cette enquête, lancée après l'entrée en vigueur de la loi anti terrorisme et anti corruption qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, visait à établir si BAE Systems avait obtenu illégalement les faveurs de la fammile royale saoudienne depuis la signature, par Margaret Thatcher, en 1985, du fameux contrat "Al Yamamah" pour l'équipement de l'armée de l'air du pays du Golfe. BAE Systems et le gouvernement saoudien ont toujours nié toute activité illégale.

Mais la prolongation de l'enquête était en train de compromettre les relations privilégiés entre Londres et Riyad, non seulement dans le secteur de l'armemement, mais aussi dans la coopération diplomatique et du renseignement.

C'est le Procureur Général, lord Goldsmith, qui a annoncé la fin de l'enquête dans une audition à la Chambre des Lords, jeudi après-midi. Il a indiqué que le SFO avait décidé de ne plus poursuivre les investigations, laissant comprendre que l'office s'était plié en quelque sorte aux intérêts nationaux.

Lord Goldsmith a en effet souligné que le premier ministre, Tony Blair, et son ministre de la défense, Des Browne, avaient tous les deux mis en garde sur les "dégats" que la continuation de l'enquête aurait créé aux relations bilatérales entre Londres et Riyad, avec des implications pour la sécurité nationale du Royaume-Uni.

Le gouvernement saoudien avait menacé de suspendre les contrats en cours de négociation avec BAE Systems, après que le SFO avait demandé d'avoir accès aux comptes suisses de certains membres de la famille royale saoudienne. Le gouvernement britannique a signé récemment une lettre d'intention ppur la fourniture, par BAE Systems, de 72 avions de chasse Typhoon/ Eurofighter en remplacement des vieux Tornado.

Cet accord, d'une valeur de 6 milliards de livres (neuf milliards d'euros), doit encore être finalisé. Avec le groupe britannique, c'est toute l'industerie de la défense du Royaume-uni qui s'est levé comme un seul homme pour que l'enquête soit terminée. Réunis dans le Defense Industries Council, les constructeurs britanniques (dont Rolls Royce, thal_=ès UK, VT Group) ont signé au début du mois une lettre appelant le gouvernement à intervenir. La démarche s'est révélee utile.

L'industrie d'armement française va déchanter. Dassault qui réalise avec le motoriste Snecma du groupe Safran, avec l'électronicien de défense Thales et avec le missilier MBDA (détenu notamment par EADS) l'avion de combat Rafale, encore jamais exporté et rival de l'Eurofighter Typhoon, a pu croire un moment au fait que l'Arabie saoudite allait bouder les Britanniques et se tourner vers leur appareil. Mais la raison d'Etat a primé outre-Manche.


BAE et VT Group discutent coopération dans le naval
Les groupes britanniques BAE Systemset VT Group (ex Vosper Thornycroft) ont annoncé ce jeudi avoir engagé des discussions en vue de la création d'une coentreprise dans la construction et la maintenance navale. L'activité de sous-marins de BAE Systems n'est pas concernée par ce partenariat. L'initiative est conforme aux principes de la "stratégie industrielle" établie par le ministère britannique de la Défense, ont souligné les deux industriels dans un communiqué. Ce document de décembre 2005 préconisait une consolidation entre constructeurs navals. En mars dernier, BAE et VT avaient annoncé envisager de lancer une offre conjointe sur la société de services Babcock International, présente dans la formation militaire, l'entretien de bases navales, les infrastructures ferroviaires et les réseaux d'électricité et de télécommunications, avant d'y renoncer deux mois plus tard.

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