La BCE relève d'un quart de point son taux directeur

La Banque centrale européenne a décidé aujourd'hui de porter son taux directeur de 2,25% à 2,50%. Elle laisse ouverte la possibilité de nouveaux relèvements des taux, tout en se laissant une large marge d'appréciation quant à leur rythme.

C'est sans surprise aucune que la BCE a procédé aujourd'hui à son deuxième relèvement de taux après celui de décembre dernier. D'un quart de point également, cette hausse de taux avait suivi une longue période de 2 ans et demi de stabilité.

La décision de ce jour surprend d'autant moins que les dirigeants de la Banque centrale européenne s'étaient donnés beaucoup de mal pour la laisser attendre. Alors que les consensus d'économistes faisaient apparaître une unanimité prévoyant une hausse des taux aujourd'hui, le président de la BCE Jean-Claude Trichet avait pris soin de qualifier de "raisonnables" les attentes du marché...

Intervenant en début d'après-midi dans le cadre de la conférence de presse qui suit systématiquement les réunions de la BCE, Jean-Claude Trichet s'est expliqué sur le contexte économique dans lequel a été prise cette décision. Des commentaires qui laissent clairement entrevoir que de nouvelles hausses de taux sont possibles dans les mois qui viennent. Selon l'institut d'émission, les perspectives de l'économie européenne sont plutôt bonnes, mais les tensions inflationnistes pourraient justifier un durcissement de la politique monétaire - sans que la BCE soit nécessairement engagée dans "des hausses de taux en série".

Selon le président de la BCE, la hausse des taux décidée aujourd'hui vise à maintenir à un bas niveau les attentes en matière d'inflation. On sait que la banque centrale est particulièrement attentive à tout ce qui peut ressembler à une tension inflationniste. L'envolée des prix du pétrole l'année dernière n'a pu que l'alerter sur une possible accélération de la hausse des prix. Et comme les taux d'intérêt avaient été maintenus depuis plusieurs années à des niveaux très accommodants, il était logique que la BCE entreprenne un réajustement vers le haut. Ce qu'elle a donc entrepris en décembre, et poursuivi aujourd'hui.

Soulignant que le nouveau niveau des taux demeure "accommodant", Jean-Claude Trichet a précisé que la BCE continuerait à regarder de près les risques inflationnistes. L'institut d'émission considère que l'inflation va demeurer sur le court terme au dessus du plafond théorique de 2%. De fait, les services de la BCE ont relevé leur prévision d'inflation 2006 pour la zone euro de 2,1 à 2,2%. Pour 2007, la prévision passe de 2 à 2,2%. Autrement dit, il est clair que la possibilité de voir les taux d'intérêt de nouveau relevés demeure grande ouverte.

Simultanément, la BCE porte un jugement plutôt positif sur les perspectives économiques. L'économie de la zone euro "devrait continuer à s'améliorer progressivement", a affirmé le président de l'institution. La BCE a d'ailleurs relevé sa précision de croissance 2006 de 1,9 à 2,1% (et de 1,9 à 2% pour 2007).

Reste que Jean-Claude Trichet ne s'est pas voulu alarmiste. Soulignant que la BCE se prononcera sur le niveau futur des taux d'intérêt en fonction des statistiques économiques, le président de la BCE a affirmé que la banque centrale ne s'est pas engagée a priori dans des hausses de taux en série.

Si la banque centrale se laisse ainsi beaucoup de marges de manoeuvre quant au rythme et au calendrier de futures hausses des taux, les marchés retiennent surtout, cependant, des propos du président de la BCE que la possibilité de telles hausses est bien réelle. Du coup, la Bourse de Paris, qui était à peu près stable jusque là, cédait 0,66% une heure après les propos de Jean-Claude Trichet. Et simultanément, l'euro progressait légèrement face au dollar.

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