EADS : DaimlerChrysler veut une sortie de crise rapide

Dieter Zetsche, le président du directoire du groupe allemand DaimlerChrysler actionnaire d'EADS, souhaite mettre rapidement fin à la crise qui secoue le géant aéronautique européen. Auditionné à l'Assemblée nationale, Noël Forgeard a déclaré exclure de démissionner.

Le groupe allemand DaimlerChrysler veut un dénouement rapide de la crise qui secoue le groupe aéronautique européen, où "des changements doivent avoir lieu", a déclaré son patron Dieter Zetsche au Wall Street Journal. Le président du directoire du groupe automobile, qui détient 22,5% d'EADS, n'a pas voulu révéler la nature des changements qu'il demande, indique le Wall Street Journal Europe.

"Nous ne voulons pas créer d'autres obstacles à un accord" avec les actionnaires français d'EADS, le groupe Lagardère et l'État français, a affirmé Dieter Zetsche. Il s'est déclaré confiant d'arriver à un accord avec ses partenaires rapidement, "au plus tard dans les semaines à venir". Il a cependant refusé de préciser s'il pensait à une modification de l'état-major du groupe aéronautique. "Mais si nous n'avons pas de succès, nous pourrions alors déclarer publiquement notre position", a-t-il prévenu.

"Nous sommes définitivement convaincus que, pour que la compagnie renoue avec le succès, des changements quels qu'ils soient, doivent se produire", a-t-il poursuivi, "le groupe a besoin de se concentrer le plus vite possible sur ses activités." Le constructeur Airbus, fleuron d'EADS, doit affronter une crise interne et externe sans précédent depuis qu'il a annoncé des retards dans le programme de livraison du très gros porteur A380. La nouvelle a provoqué la dégringolade du titre EADS sur les marchés financiers.

Selon le ministre de l'Économie Thierry Breton, des solutions étaient en vue mardi pour sortir le groupe européen EADS de la crise liée à l'annonce de retards de l'A380 et à l'affaire de la vente d'actions par Noël Forgeard. Plusieurs scénarios ont été évoqués: éviction du coprésident exécutif français Noël Forgeard et du PDG allemand d'Airbus Gustav Humbert, intégration accrue d'Airbus au sein d'EADS, arrivée du PDG de la SNCF Louis Gallois à la tête du groupe, abandon de la direction bicéphale... Sur ce sujet, les Français et les Allemands semblent encore s'opposer.

Noël Forgeard a été entendu ce matin à huis clos par les commissions des Finances et des Affaires économiques de l'Assemblée nationale. En réponse à une question des députés, le co-président d'EADS a exclu de démissionner de son poste. Comme la députée PS et ancienne ministre de la Justice, Marylise Lebranchu, lui demandait s'il n'envisageait pas de démissionner "dans l'intérêt d'EADS", Noël Forgeard a répondu: "je suis compétent et honnête. Il en est hors de question", ont rapporté plusieurs députés. Le co-président du groupe a expliqué qu'il n'avait "pas été mis au courant des retards en mars" concernant les livraisons d'A380, "puisqu'il n'avait plus de fonction exécutive". Il a affirmé aux députés avoir été "mis au courant des retards en mai".

A l'issue de l'audition, avec son homologue de la commission des Finances Pierre Méhaignerie, le président de la commission des Affaires économiques Patrick Ollier a indiqué que la priorité était la préservation du "destin de ce projet industriel". "S'il faut pour cela que la direction soit mise en cause, alors qu'elle le soit. Mais il faut que cela soit vite fait", a-t-il ajouté. S'agissant de la gouvernance du groupe, Pierre Méhaignerie a estimé qu'il y avait "urgence à agir". "Sur le management des deux co-présidences qui pose problème, la réponse de Noël Forgeard est que l'un devrait s'occuper d'Airbus et l'autre du reste des entreprises d'EADS", a-t-il ajouté.

Pour sa part, Henri Emmanuelli a indiqué que le groupe socialiste maintenait sa demande que la commission des Finances se dote des compétences d'une commission d'enquête. "On ne peut pas à ce stade se contenter de la parole de M. Forgeard", a expliqué le député des Landes. De son côté, Jean-Michel Boucheron, responsable Défense du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a estimé qu'il fallait laisser EADS travailler "dans la sérénité". "L'audition de Noël Forgeard confirme que les problèmes d'industrialisation rencontrés dans la production des chaînes d'Airbus doivent être ramenés à la hauteur d'aléas normaux dans ce type d'activité", a-t-il souligné, estimant que "la sur-réaction du marché boursier est largement basée sur la médiatisation de l'affaire Clearstream, qui n'a rien à voir avec la gestion d'EADS".

En fin de journée, le titre EADS recule de 3,89% à 21,22 euros à la Bourse de Paris. Depuis le début de l'année, il a perdu plus de 33%.

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