L'assemblée générale du groupe britannique Aegis, spécialisé dans l'achat d'espaces et les études marketing, a voté ce matin à une majorité de 58,32% contre les deux candidats présentés par Vincent Bolloré, qui s'attendait à ce refus. Plus grave pour l'actionnaire français, 94% des actionnaires présents ou représentés à l'assemblée générale (hors les représentants du groupe Bolloré), ont voté contre les nominations. Visiblement, l'argumentaire de l'homme d'affaires, qui a pris la parole en début de séance, n'a pas convaincu. De son côté, le Français a voté contre la plupart des résolutions présentées par la direction du groupe britannique.

Dès la fin de l'AG, qui n'a duré qu'une trentaine de minutes, et alors que les résultats du scrutin n'étaient pas encore connus, il a déclaré qu'il convoquerait une nouvelle assemblée générale à partir de la rentrée. La réglementation britannique lui en donne le droit puisque tout actionnaire qui détient 5% du capital peut le faire. Or, l'homme d'affaires détient aujourd'hui 29,1% du Britannique, accumulés peu à peu depuis août 2005.

Dès le début de l'assemblée, lord Sharman, président d'Aegis, a réaffirmé la position de son groupe, opposé à l'arrivée au conseil d'administration de Philippe Germond, ancien directeur général de SFR et d'Alcatel, et Roger Hatchuel, ancien président du festival du film publicitaire de Cannes. Le président d'Aegis a fait valoir "un conflit d'intérêts" puisque Vincent Bolloré est également premier actionnaire et président du groupe français de publicité Havas, dont il détient directement plus de 25%. Aegis a souvent mis en avant la "situation impossible" qui naîtrait si MPG et Carat, les branches achat d'espace de Havas et Aegis, étaient en concurrence sur un même marché, comme cela s'est déjà produit.

Le président d'Aegis a ensuite proposé à Vincent Bolloré de prendre la parole. Ce dernier a lui aussi réaffirmé son point de vue. S'il reconnaît le bien-fondé des arguments d'Aegis, il estime que ceux-ci ne doivent pas primer sur le principe de la représentation de l'actionnaire. Il a insisté sur le fait que ni Philippe Germond, ni Roger Hatchuel n'appartenaient à son groupe. "Ces deux personnes peuvent apporter leur savoir-faire et créer de la valeur pour Aegis". "Nous avons investi beaucoup d'argent et notre seul objectif est de créer encore plus de valeur pour Aegis", a-t-il ajouté. "Nous voulons une représentation juste et minoritaire", a-t-il insisté, tout en se défendant de viser la présidence d'Aegis.

L'homme d'affaires breton avait déjà prévenu la veille que ce serait une "grave erreur" pour la société d'entrer en conflit avec son principal actionnaire, ajoutant qu'il n'était pas satisfait et qu'il était prêt à se battre. Il annonce donc qu'il va convoquer "après l'été" une nouvelle assemblée générale des actionnaires d'Aegis. "Peut-être en septembre, octobre, novembre... le plus tôt sera le mieux", a expliqué Vincent Bolloré.

Le breton ne désespère pas pour autant de parvenir à ses fins! En effet, devant les journalistes, Vincent Bolloré a plaisanté en réaffirmant que son engagement dans Aegis serait "une longue love affaire", mais qu'il souhaiterait arriver à ses fins avant son départ à la retraite prévu dans une quinzaine d'années. Le ton détendu et ironique qu'il a employé détonait face à la stricte réserve observée par l'équipe de direction d'Aegis, qui s'est contentée d'un communiqué pour faire part de sa "satisfaction" à l'issue du vote.

A la clôture, le titre recule de 4,26% à 123,75 pence à la Bourse de Londres.