L'émotion de l'annonce passée, Suez et Gaz de France passent à présent à la mise en place du calendrier et des modalités du rapprochement. Alors que le week-end a été marqué par l'officialisation du rapprochement des deux géants français de l'énergie, afin de décourager toute OPA hostile venue de l'étranger, les deux groupes ont dévoilé ce matin les détails de la fusion. Selon le ministre de l'Economie Thierry Breton, l'opération prendra la forme d'une "fusion absorption" de Gaz de France sur Suez.
La parité proposée aux actionnaires des deux groupes sera d'une action GDF pour une action Suez, après versement par Suez à ses actionnaires d'un dividende exceptionnel d'un euro par titre, soit 1,25 milliard d'euros. "Cette parité fait ressortir pour les actionnaires de GDF une prime de 3,9% sur la base de la moyenne 3 mois, au 24 février 2006", soulignent les deux groupes dans un communiqué commun.
"Les modalités de gouvernance du nouvel ensemble, en cours de finalisation, seront communiquées au marché dans les meilleurs délais", ajoutent les sociétés. Reste que la fusion est d'ores et déjà programmée pour le courant du deuxième semestre 2006, sous réserve de l'obtention du feu vert des autorités européennes de la concurrence. La fusion doit aussi attendre la modification de la loi du 9 août 2004, afin de permettre une modification du seuil de détention de l'Etat au sein de GDF. Cette loi interdit actuellement à l'Etat de descendre sous les 70% dans le capital de GDF.
"Synergies importantes"
Après la fusion, la part directe de l'Etat dans le nouvel ensemble serait comprise entre 34 et 35%, c'est à dire au-dessus de la minorité de blocage. Avec ses "participations indirectes", la participation devrait "globalement être légèrement inférieure à 40%", a expliqué Thierry Breton, ministre de l'Economie et des Finances, sur RTL.
La fusion, dont la mise en place a été précipitée par la menace d'une OPA de la part de l'Italien Enel, devrait être également "porteuse de synergies importantes à court et moyen termes", selon les entreprises. Ainsi, à court terme, cette fusion permettra de réaliser 500 millions d'euros par an de synergies opérationnelles disponibles avant impôts. "Une part importante de ces synergies sera issue de la politique d'approvisionnement (optimisation du portefeuille, réduction des coûts d'approvisionnement, arbitrage étendu en GNL)", ajoutent les entreprises.
"Le solde proviendra du développement d'offres combinées, principalement en France, de l'optimisation du portefeuille d'activités dans les services et d'économies sur les achats hors énergie", précisent Suez et GDF, qui cherchent également à rassurer leurs salariés, alors qu'aucune suppression d'emploi ne doit intervenir. Ces synergies seront réalisées par tiers sur trois ans.
A plus long terme, le nouveau groupe dispose d'un potentiel de synergies complémentaires dont l'optimisation du programme d'investissements et le développement de synergies de revenus. L'imputation des déficits fiscaux existants permettra en outre une économie substantielle", ajoutent Suez et GDF.
Amertume italienne
"L'annonce de la fusion GDF avec Suez par Dominique de Villepin est sensée industriellement", estime pour sa part Julien Picard, analyste chez Fideuram Wargny. "Suez est le cinquième opérateur électricien en Europe et est le deuxième opérateur en France. Son alliance avec GDF, permettrait de renforcer la place de Suez dans le GNL en formant le numéro un mondial du secteur", ajoute le spécialiste.
Du côté italien, en revanche, l'heure est à l'amertume. La décision de Paris de fusionner Gaz de France et Suez, pour empêcher une OPA sur ce dernier par le groupe italien Enel, représente "une énorme violation du droit communautaire", a même affirmé lundi le ministre italien de l'Industrie, Claudio Scajola.
La protestation italienne prend de l'ampleur, alors que le ministre italien de l'Economie, Giulio Tremonti, s'apprête à rencontrer d'ici mercredi les commissaires européens à la Concurrence et au Marché intérieur, Neelie Kroes et Charlie McCreevy, au sujet de cette fusion visant à empêcher une OPA de la part d'Enel sur Suez.
En Bourse, la réaction est très mitigée: l'action GDF cède 2,79% à 28,97 euros à la clôture, tandis que Suez chute de 5,78% à 31,93 euros.
La "fusion absorption" de GDF sur Suez effective au deuxième semestre 2006
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