Telecom Italia rachète l'activité d'accès à Internet d'AOL en Allemagne

Telecom Italia, qui mise désormais sur le haut débit, conforte sa nouvelle ambition en rachetant l'activité d'accès à Internet d'AOL en Allemagne pour 675 millions d'euros. En Italie, le gouvernement Prodi essuie de nombreuses critiques sur sa gestion de ce qui devient "l'affaire Telecom Italia".

Telecom Italia devient le deuxième fournisseur d'accès haut débit en Allemagne, avec 3,2 millions d'abonnés, grâce au rachat de l'activité d'accès Internet d'AOL outre-Rhin pour 675 millions d'euros. Time Warner, la maison mère d'AOL, a confirmé l'opération hier soir aux États-Unis. AOL, qui subi une baisse du nombre de ses abonnés Internet, a décidé de stopper l'hémorragie et de céder ses activités Internet peu rentables en Europe. Dans ce sens, des négociations exclusives ont été engagées avec Neuf Cegetel pour la reprise des actifs d'AOL en France.

Telecom Italia fait donc ses emplettes, alors même que le groupe est en pleine tempête. Son président Marco Tronchetti Provera a démissionné vendredi soir. Il faut dire que son plan de scission des actifs de l'opérateur historique annoncé le 11 septembre dernier a suscité la polémique toute la semaine dernière. Il est prévu dans ce plan que la branche mobile de Telecom Italia et que la boucle locale, dernier maillon du réseau fixe, soient séparées dans deux sociétés des autres actifs de l'entreprise, notamment le haut débit sur lequel se concentre la nouvelle stratégie. La presse italienne n'a cessé de bruisser de rumeurs sur le fait que cette nouvelle structure allait permettre de vendre Telecom Italia Mobile (TIM).

De quoi remettre en cause la stratégie de convergence entre le fixe et le mobile de Marco Tronchetti Provera, qui, ces deux dernières années, a investi 20 milliards d'euros pour reprendre le contrôle de TIM. Une opération qui a lourdement grevé la dette du groupe qui dépasse aujourd'hui les 41 milliards d'euros. Une dette qu'il faut aujourd'hui réduire, d'où la cession éventuelle de TIM.

Face aux déclarations ambiguës de la direction, cette possibilité a irrité la semaine dernière en Italie le gouvernement de Romano Prodi. Le chef du gouvernement italien et plusieurs de ses ministres sont montés au créneau pour exprimer leurs craintes de voir un fleuron italien partir aux mains d'intérêts étrangers. Sur les quatre opérateurs de téléphonie mobile en Italie, Telecom Italia Mobile, leader du secteur avec 40% de parts de marché, est en effet le seul Italien. Et dernier rebondissement dans cette passe d'armes, Angelo Rovati, un conseiller économique du président du conseil Romano Prodi, a annoncé ce matin sa démission. Angelo Rovati a déclaré "qu'il ne voulait pas être source de problèmes pour le gouvernement".

La presse italienne a révélé qu'il avait envoyé à l'ancien président de Telecom Italia, Marco Tronchetti Provera, un rapport qui préconisait le rachat du réseau fixe de Telecom Italia par l'État. Un rapport qui accréditerait la thèse que Romano Prodi, contrairement à ce qu'il a affirmé la semaine dernière, était bien au courant de la nouvelle orientation stratégique de l'opérateur, même si Angelo Rovati, le conseiller démissionnaire, explique que ce rapport a été rédigé sous ses ordres et que le chef du gouvernement italien n'était pas au courant.

En tout état de cause, la démission de l'un de ses conseillers crée une situation délicate pour le gouvernement de Romano Prodi qui fait face, en Italie, à de nombreuses critiques sur la gestion de ce qui constitue son premier grand dossier industriel. Le gouvernement va devoir s'expliquer devant le parlement italien sur son implication dans cette affaire et ce, alors que le premier parti d'opposition en Italie, Forza Italia de l'ex-chef du gouvernement Silvio Berlusconi, demande la création d'une commission d'enquête parlementaire. Par ailleurs en fin d'après-midi, le parquet de Rome a annoncé l'ouverture d'une enquête contre X pour des actes relatifs au projet de réorganisation de Telecom Italia. Le parquet attendra la fin de l'enquête de l'autorité de tutelle des marchés boursiers italiens, la Consob, pour obtenir des informations complémentaires et décider ensuite s'il y a lieu de passer au stade des chefs d'inculpation.

Dans ce climat difficile, pour remplacer Marco Tronchetti Provera à la tête de Telecom Italia, on a fait appel à Guido Rossi. Âgé de 75 ans, cet avocat d'affaires connaît bien l'opérateur historique italien, dont il a déjà été président et dont il mena la privatisation en 1997. Près de dix ans après, il va devoir gérer une délicate mission, calmer les tensions, rassurer le gouvernement et les investisseurs sur l'avenir de Telecom Italia. Guido Rossi, qui est également commissaire extraordinaire de la Fédération italienne de football, a estimé ce week-end que ces deux fonctions dans le sport et chez Telecom Italia "étaient compatibles". Le comité national olympique italien se prononcera sur le sujet demain.

Après avoir ouvert en repli ce matin, le titre Telecom Italia a clôturé stable à 2,20 euros à la Bourse de Milan.

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