Suez, GDF et Enel bientôt devant la Commission européenne

Les futurs mariés Suez et GDF doivent présenter lundi leur projet à la commissaire européenne à la Concurrence. Enel, le trouble-fête italien, doit également s'y présenter mardi afin de s'assurer que l'Etat français ne fera pas barrage à son projet d'OPA hostile sur Suez.

Gérard Mestrallet et Jean-François Cirelli, patrons respectivement de Suez et de GDF, ont rendez-vous lundi avec la commissaire européenne à la Concurrence, Neelie Kroes, pour expliquer leur projet de fusion. "L'Europe ne peut voir cette fusion que de manière favorable. C'est la création d'un groupe qui va apporter de la concurrence en Europe et pas en enlever. Nous serons un concurrent supplémentaire", a déclaré Jean-François Cirelli ce matin lors de la présentation annuelle des résultats. Concernant la filiale belge de Suez, Electrabel, concurrencée par GDF, Gérard Mestrallet a déclaré qu'il fallait réexaminer cette situation et que des discussions avec le gouvernement belge étaient menées à ce sujet.

Interrogé sur une éventuelle offre de l'électricien italien sur Suez, Gérard Mestrallet a répondu qu'il "n'y avait pas de projet plus créateur de valeur pour les actionnaires que celui avec GDF", en notant qu'il n'y avait pas d'OPA d'Enel pour l'instant. Le gouvernement français se refuse à toute discussion ou compromis avec Enel ou l'Italie sur Suez. Le ministre de l'Industrie, François Loos, met en garde le groupe italien, jugeant qu'une offre hostile serait très risquée pour lui.

Le gouvernement français, soupçonné par les Italiens d'avoir au minimum accéléré ce mariage afin de contrer la tentative d'OPA d'Enel, s'est déjà expliqué vendredi dernier sur les éventuelles pressions qu'il aurait exercées. Charlie McCreevy, porte parole du commissaire européen au Marché intérieur, a refusé de commenter la déclaration française. "Il faut être très prudent. C'est un dossier très sensible et il semble que certaines personnes seraient ravies de jeter de l'huile sur le feu", a-t-il ajouté. Selon le journal Herald Tribune, "la Commission européenne se montre insatisfaite des explications de la France concernant son rôle dans le projet de fusion Suez-GDF. Des explications supplémentaires auraient été demandées".

L'italien Enel, qui cherche a obtenir des garanties sur la neutralité de la France avant de lancer son offre sur Suez, a rendez-vous mardi en fin d'après-midi avec Neelie Kroes. Fulvio Conti, administrateur délégué du groupe italien, souhaite ainsi s'assurer que la Commission européenne jouera son rôle d'arbitre en cas d'OPA hostile sur Suez.

La volonté d'Enel d'obtenir des assurances pourrait retarder le lancement de son OPA, de près de 50 milliards d'euros, présenté jusque là comme imminent. La prudence de l'Italien s'explique notamment par le fait que seul Electrabel, l'activité électricité de Suez en Belgique, l'intéresse. Il doit donc s'assurer de l'engagement fermes de la part d'acheteurs potentiels de l'activité traitement des eaux et déchets, et vérifier que ceux-ci ne se heurteront pas à l'hostilité des autorités françaises. Selon une source proche du dossier, Enel aurait déjà reçu des manifestations écrites d'intérêt pour cette activité valorisée entre 15 et 20 milliards d'euros. Les acquéreurs potentiels seraient la banque australienne Macquarie et le fonds Terra Firma.

A la clôture, l'action Suez enregistre une progression de 0,11% à 34,85 euros et le titre GDF progresse de 2,64% à 30,31 euros.

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