Le titre EADS en zone de turbulences

Le patron d'Airbus estime qu'il faudra quinze ans avant que l'avionneur européen ne comble l'écart creusé par Boeing. Après l'A380, l'avion de transport militaire A400M pourrait lui aussi connaître des retards dans sa production. En réaction à ces déclarations inquiétantes, les marchés corrigent à nouveau le titre.

Au lendemain du décrochage spectaculaire de son action en Bourse (près de -12% en séance, -4,15% à la clôture), l'avenir d'EADS et les déboires de sa filiale Airbus continuent de soulever l'inquiétude des marchés. Dans un entretien publié ce matin dans le Financial Times, Christian Streiff, le nouveau président de l'avionneur européen, estime qu'il faudra probablement quinze ans avant qu'Airbus ne dépasse Boeing en termes de développement de production. Le redressement sera long, difficile et "j'espère que dans quinze ans, nous serons à nouveau devant Boeing", a-t-il expliqué.

Des propos qui n'ont pas véritablement pour effet d'apaiser les marchés. A Paris, le titre EADS, maison mère d'Airbus, perd en clôture 3,04% à 21,05 euros.

Hier, le constructeur aéronautique avait annoncé un nouveau retard d'un an de son avion gros-porteur A380, dont le calendrier de livraisons est désormais décalé de deux ans en moyenne par rapport au plan initial. Ce nouveau retard se traduira pour EADS par une dégradation de 4,8 milliards d'euros de son résultat d'exploitation (Ebit) sur la période allant de 2006 à 2010, soit une perte de 2,8 milliards contre un profit de 2 milliards précédemment prévu. Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, le groupe concède que l'avion militaire de transport A400M pourrait également enregistrer des retards et n'exclut pas d'abandonner l'A350 XWB, son projet d'avion moyen-porteur censé riposter au Boeing 787 "Dreamliner" qui engrange commandes sur commandes.

Et d'autres mauvaises surprises sont à venir, prophétisent les analystes de Goldman Sachs qui craignent "de nouveaux retards et annulations de commandes".

Pour faire face à cette situation de crise, Airbus a décidé la mise en place d'un nouveau plan de restructuration censé compenser les surcoûts liés au report des livraisons de l'A380 et améliorer sa compétitivité. Baptisé "Power8", le programme doit permettre de dégager des économies annuelles d'au moins 2 milliards d'euros par an à partir de 2010 mais également de générer 5 milliards d'euros d'économies de trésorerie d'ici à 2010. Selon le groupe, les mesures engagées doivent permettre à l'avionneur de réduire de deux ans les cycles de développement de nouveaux appareils et d'améliorer la productivité de 20%.

Coupant court aux rumeurs de délocalisations qui ont accompagné l'annonce de cette réorganisation industrielle, Thomas Enders, le co-président exécutif d'EADS, a profité d'une rencontre ce matin avec le ministre allemand de l'Economie pour insister sur son "engagement" à préserver le site de production à Hambourg. Les syndicats d'outre-Rhin craignaient en effet que l'essentiel des activités d'Airbus soient regroupées dans son fief de Toulouse.


Premier dépôt de plainte d'un actionnaire contre EADS
La procédure engagée par le cabinet d'avocat allemand Rotter pourrait bien faire école. Les juristes ont en effet déposé une plainte contre le constructeur européen d'aéronautique et de défense au nom d'un actionnaire mécontent, estimant que le groupe n'avait pas informé à temps des difficultés rencontrées par l'A380. Le cabinet munichois spécialisé dans la défense des droits des petits actionnaires estime en effet qu'EADS savait dès février 2006 que son gros-porteur accuserait des retards de livraison, non sans impact sur les bénéfices et le cours du groupe en Bourse. D'autres plaintes sont en préparation, indique le cabinet dans son communiqué.

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