L'annonce hier du rachat de 41% d'Evraz - numéro deux des sidérurgistes russes avec 13,9 millions de tonnes par an, comprenant plusieurs entreprises d'extraction et d'industrie métallurgique en Russie et à l'étranger - par le milliardaire Russe Roman Abramovitch a relancé les rumeurs d'un rapprochement avec le groupe Corus. Mais le sidérurgiste russe dément aujourd'hui formellement ce scénario. "La direction n'envisage pas du tout une fusion avec le groupe néerlando-britannique Corus", a déclaré Andreï Teterkine, chef de la stratégie d'Evraz.

Hier, l'acquisition d'une participation dans Evraz laissait envisager une importante opération de Roman Abramovitch, la première fortune de Russie, dans la sidérurgie. Le milliardaire a en effet entamé des pourparlers pour prendre une participation dans le groupe sidérurgique néerlando-britannique Corus, selon le quotidien russe Kommersant. Le rapprochement avec Evraz permettrait de donner naissance au numéro trois mondial de l'acier. Corus, qui traverse actuellement quelques difficultés, a déjà fait savoir qu'il souhaitait se développer au-delà de l'Europe de l'Ouest, en particulier dans les pays émergents à bas coûts de main d'oeuvre comme le Brésil, la Russie, l'Inde ou la Chine.

La presse russe, pour sa part, voit dans le rachat par l'homme d'affaires Roman Abramovitch de 41% d'Evraz l'embryon d'un futur géant de l'acier, qui jouerait au même niveau que des groupes comme Arcelor ou Mittal Steel sur le marché mondial. "Abramovitch se lance dans la métallurgie", titre le journal Nezavissimaïa Gazeta, évoquant la création d'un titan du même niveau que l'indien Mittal, premier sidérurgiste mondial. "Le volume total d'acier produit par ce groupe peut atteindre les 38 millions de tonnes par an, plaçant le holding à la troisième place mondiale après Arcelor et Mittal Steel", poursuit le journal, citant l'analyste Dimitri Parfionov de la société Prospect Investment.

Ne croyant pas au démenti formulé par Evraz, le journal prédit même de nouvelles acquisitions dans le secteur par Roman Abramovitch, milliardaire discret en bons termes avec le Kremlin, qui affiche la première fortune de Russie. "Après cet accord vont suivre une série d'absorptions qui feront que les compagnies isolées auront beaucoup de mal à survivre sur le marché", écrit Nezavissimaïa, citant une entrée dans le groupe néerlando-britannique Corus ou un rachat des actifs du magnat russe de l'acier Alicher Ousmanov.

"Les experts se disent sûrs qu'Abramovitch ne s'arrêtera pas à l'achat d'actions dans Evraz", écrit lui aussi le quotidien des affaires Vedomosti, évoquant comme toute la presse les groupes d'Ousmanov et Corus. Vedomosti va jusqu'à pronostiquer un accord avec l'indien Mittal. En effet, selon lui "Abramovitch n'est pas un investisseur stratégique. Il va construire une grande compagnie et ensuite la revendre, par exemple à Mittal Steel".


Le russe MMK veut s'introduire en Bourse
Décidément le secteur de l'acier russe est en pleine effervescence ces derniers jours. En effet, la direction du groupe MMK (Magnitogorsk Metal and Steel Works), produisant 11,4 millions de tonnes par an, a annoncé que son groupe allait s'introduire progressivement en Bourse. "Aujourd'hui nous prévoyons de vendre 2% des actions sur le marché en les mettant aux enchères. Nous voulons participer au marché pour que les actionnaires nous connaissent", a déclaré Vladimir Chmakov, vice-président du groupe, en marge d'une conférence d'investisseurs organisée par la société d'investissement Renaissance Capital. "Nous n'excluons pas une introduction en Bourse (plus large) d'ici un an, tout dépendra de la situation du marché", a encore dit l'homme d'affaires. Vladimir Chmakov a également indiqué qu'il n'excluait pas non plus la possibilité qu'un investisseur stratégique prenne une participation dans MMK.