L'espagnol Acciona s'intéresse à son tour à Endesa

Le groupe de travaux publics Acciona a pris 10% du capital du groupe d'énergie Endesa. En déboursant 32 euros par action, Acciona rend de facto l'offre de l'allemand E.ON financièrement obsolète. Aujourd'hui, la Commission européenne a sévèrement condamné l'Espagne pour entrave à la concurrence.

Nouveau rebondissement dans la bataille européenne autour de la prise de contrôle du groupe d'énergie espagnol Endesa. Après l'acquisition sur le marché par le groupe de BTP Acciona d'une participation de 10% du capital de la compagnie d'électricité, les autorités boursières espagnoles ont annoncé ce matin la suspension des cotations d'Acciona et d'Endesa. Les cotations ont repris à mi-journée. En fin d'après-midi, l'action Endesa bondit de 10,54% à 32,50 euros, tandis que le titre Acciona, qui avait repris en baisse, progresse de 5% à 117,30 euros.

Déjà présent dans l'énergie et les services, Acciona a précisé avoir acquis ces titres pour un montant total de 3,4 milliards d'euros et n'exclut pas d'augmenter sa participation jusqu'à 24,9%, juste sous le plafond légal au-delà duquel il se verrait contraint de lancer une OPA. L'opération reste néanmoins soumise à l'aval de la Commission nationale de l'énergie espagnole, qui doit rendre son verdict dans un délai de quatre semaines.

Mais cette nouvelle donne complique sérieusement les affaires du groupe allemand E.ON qui convoite depuis plusieurs mois déjà Endesa, sur lequel il a lancé une offre d'achat d'un montant de 29,1 milliards d'euros. Car pour devenir l'actionnaire majoritaire d'Endesa devant la caisse d'épargne Caja Madrid (9,93%), le groupe de travaux publics Acciona a déboursé 32 euros par action, soit environ 9% de plus que le cours de clôture du titre lundi soir à Madrid. Une opération qui valorise le premier producteur espagnol d'électricité à 33,9 milliards d'euros. De fait, en s'invitant au bal, Acciona rend désormais l'offre du groupe d'énergie d'outre-Rhin financièrement obsolète.

E.ON ne désarme pas et a réaffirmé aujourd'hui, dans un bref communiqué, "son engagement fort à poursuivre son offre sur Endesa et s'attend à remplir toutes les exigences pour y parvenir rapidement". Et ce, même si un autre Espagnol, le groupe Gas Natural, est également sur les rangs avec une proposition de reprise d'Endesa à 22,5 milliards d'euros. Celle-ci reste certes inférieure à celle du géant germanique, mais a longtemps suscité la bienveillance du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, par la suite accusé de vouloir favoriser l'intérêt des compagnies nationales et de faire obstacle au projet industriel d'E.ON. En clôture à la Bourse de Francfort, l'action E.ON gagne péniblement 0,26%, à 94,29 euros.

Ce nouvel épisode intervient alors que la Commission européenne a condamné cet après-midi, par deux décisions différentes, les autorités espagnoles pour avoir entravé le rachat d'Endesa par son concurrent allemand.

D'abord, la Commission estime que les autorités espagnoles ont violé les règles européennes de la concurrence, parvenant à la "conclusion que la décision du régulateur espagnol du secteur de l'énergie subordonnant l'offre de rachat d'Endesa par E.ON au respect de plusieurs conditions enfreint l'article 21 du règlement européen sur les concentrations". Bruxelles appelle donc au retrait de ces conditions et rappelle que sa "décision est juridiquement contraignante", c'est à dire qu'elle "pourrait être invoquée devant une juridiction nationale ou une autorité publique en Espagne".

Par ailleurs, la Commission demande "officiellement à l'Espagne de remanier sa législation" en matière de libre circulation des capitaux. Pointé du doigt, un décret-loi en infraction avec les règles européennes mais malgré tout adopté en février dernier par les autorités espagnoles, pour contrecarrer les vues d'E.ON sur Endesa. Bruxelles passe donc à la vitesse supérieure et en l'absence de réponse satisfaisante à une lettre de mise en demeure adressée aux autorités espagnoles en mai dernier, menace de "saisir la Cour de justice européenne".

La position de Bruxelles "sera un élément à prendre en considération", a commenté sobrement Pedro Sobes, le ministre espagnol de l'Economie et des Finances. Selon une source de l'AFP, le gouvernement espagnol n'a "pas l'intention de faire appel devant la justice européenne" de cette double condamnation.

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