Les discussions sur la sortie de crise d'EADS se poursuivent

Le ministre de l'Économie et des Finances Thierry Breton a décidé de laisser les opérateurs industriels d'EADS, Lagardère et DaimlerChrysler, prendre des mesures pour sortir le groupe d'aéronautique et de défense de la crise.

"Thierry Breton a voulu discuter avec eux pour les mettre devant leurs responsabilités. On ne veut pas se mettre à leur place", a déclaré un porte-parole de Bercy. Le ministre de l'Économie et des Finances avait en effet annoncé samedi qu'il se donnait 72 heures, soit jusqu'à mardi, pour trouver une solution à la crise qui secoue le groupe d'aéronautique et de défense, qui traverse une violente zone de turbulences depuis l'annonce, il y a près de deux semaines, de nouveaux retards de livraisons sur l'A380.

Les explications fournies par le groupe au sujet de ce nouveau délai, dont l'annonce avait fait plonger le titre EADS de 26% sur la seule journée du 14 juin, ont mis en lumière les difficultés industrielles du programme mais aussi d'importants dysfonctionnements dans la diffusion d'informations essentielles à l'intérieur du groupe.

Actionnaire à hauteur de 15% d'EADS, l'État français a décidé de prendre les choses en main. Thierry Breton mène depuis la semaine dernière des consultations avec les représentants de Lagardère, qui détient 15% du capital d'EADS (part qui sera réduite à 7,5% en 2009 après exercice d'obligations convertibles émises récemment) et de DaimlerChrysler (22,5%) et les responsables du groupe. "J'ai eu beaucoup de réunions pendant le week-end, j'en ai aujourd'hui pour rappeler les uns et les autres clairement à leurs responsabilités", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il jouait "pleinement" son rôle "sans pour autant faire plus" que ne le permettent les règles de gouvernance d'EADS. Selon plusieurs sources proches du dossier, son calendrier sera difficile à respecter. "Si les discussions se poursuivent, aucune solution n'a été trouvée pour l'instant", a déclaré l'une d'elles.

Depuis la semaine dernière, un des scénarios envisagés pour sortir de la crise consisterait en la mise en place d'une direction qui ne serait plus bicéphale et la nomination de l'Allemand Thomas Enders comme président exécutif unique. Dans ce cadre, la présidence du conseil d'administration d'EADS pourrait revenir à un Français, ainsi que la direction opérationnelle d'Airbus. Ce schéma avait, selon d'autres sources, les faveurs de Thierry Breton, mais pas celles de Lagardère. D'après le pacte d'actionnaires, il faut que les trois partenaires soient d'accord pour que des modifications puissent intervenir dans la structure managériale, Lagardère bénéficiant d'un veto concernant le management français. "C'est à eux (les opérateurs industriels) de décider. Ce n'est pas l'État qui décide. C'est aux entreprises de prendre les décisions dans le cadre de leurs instances de gouvernance", a poursuivi le porte-parole de Bercy en se refusant à se prononcer sur le calendrier des annonces.

Mais les scénarios apparemment envisagés par le gouvernement français ne semblent pas du goût des Allemands. "Il n'y a pas de raison de changer quoi que ce soit à la structure de direction de la société, qui a fait ses preuves", a déclaré lundi le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel.

Selon des sources proches du dossier, Lagardère et DaimlerChrysler pourraient faire connaître leurs décisions lundi soir ou mardi matin. Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès de Lagardère, ni auprès du groupe allemand.

À la Bourse de Paris, EADS gagne 3,32% à 22,75 euros à la clôture.

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