Suez s'en prend aux "droits exorbitants" de l'Etat italien dans Enel

Le groupe de Gérard Mestrallet a saisi le commissaire européen au Marché intérieur. En cause, les "droits exorbitants" de l'Etat italien, actionnaire à 31% d'Enel, qui peut limiter à 3% les droits de vote d'un nouvel actionnaire. En cas de fusion avec Gaz de France, le ministre wallon de l'Energie a réclamé la cession par Suez de ses centrales nucléaires et de Fluxys.

Alors que plusieurs sites de Gaz de France, notamment les terminaux méthaniers de Montoir et de Fos, ont été encore perturbés par des gaziers hostiles à la fusion Suez, ce dernier poursuit sa guérilla juridique contre l'italien Enel. Après avoir demandé à l'Autorité des marchés financiers (AMF) d'exiger de l'électricien transalpin de dévoiler enfin ses intentions, Suez a indiqué lundi avoir saisi le commissaire européen au Marché intérieur, Charlie McCreevy, de "la situation actuelle, surprenante et déséquilibrée, dans laquelle se trouve Enel par rapport à Suez".

Suez estime en effet que l'Etat italien, actionnaire à 31% d'Enel, dispose de droits exorbitants qui l'autorisent à bloquer à 3% les droits de vote de tout nouvel actionnaire. Une disposition contraire selon le groupe à la réglementation sur la libre circulation des capitaux. Suez demande donc à la commission de "prendre toutes les mesures d'urgence nécessaires pour préserver l'égalité de traitement entre les opérateurs".

Dans le camp italien, on souligne que cette disposition vise "à préserver les intérêts vitaux de l'Etat" et qu'elle ne s'appliquerait pas en cas d'OPA sur Enel. Elle n'a rien à voir, ajoute-t-on de source proche d'Enel, avec le "décret anti-EDF" voté par les parlementaires italiens lorsque l'électricien français a voulu prendre le contrôle d'Edison.

Sur un autre front, le groupe de Gérard Mestrallet doit toujours faire face aux exigences des autorités belges en matière de sauvegarde de la concurrence menacée à leurs yeux par un rapprochement entre Suez et Gaz de France. Ainsi, dans un entretien au journal De Standaart, le ministre wallon de l'Energie, André Antoine, se prononce pour l'ouverture du marché à plusieurs producteurs et fournisseurs d'électricité face à Electrabel, la cession de "quelques centrales nucléaires" et il refuse de voir un groupe contrôlé à 34% par l'Etat français mettre la main sur Fluxys, le gestionnaire belge de transport de gaz et du terminal gazier de Zeebrugge. "Le grand danger est le patriotisme tarifaire", explique-t-il. En clair, que Suez-Gaz de France fasse payer le gaz moins cher aux Français qu'aux Belges.

Jean-Pierre Hansen, administrateur délégué d'Electrabel, filiale de Suez, a, lui, exclu dans Le Soir toute cession d'actifs nucléaires. Si le Premier ministre belge Guy Verhofstadt voulait passer en force, en imposant la cession par Electrabel de ses sept centrales nucléaires, il faudrait que sa décision soit fondée en droit, a-t-il prévenu.

Tandis que Jacques Chirac a dénoncé vendredi lors du sommet européen, le projet d'OPA d'Enel sur Suez comme "une opération purement financière" visant à "démanteler" le groupe, les contacts n'auraient pas, en coulisse, été rompus entre les différents protagonistes. "Des rencontres ont eu lieu ce week-end à Milan à un très haut niveau entre les représentants d'Enel, de Suez et de Gaz de France", confirmait lundi matin une source proche de l'électricien italien. Interrogées, aucune des trois entreprises n'a souhaité faire de commentaires.

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