Le montant de la facture pour Sony du problème de ses batteries défectueuses commence à se préciser. Le groupe japonais d'électronique a annoncé ce matin des résultats pour le deuxième trimestre (à fin septembre) de son exercice 2006-2007 marqués par une importante perte d'exploitation. Sony avait revu fortement à la baisse la semaine dernière ses prévisions de résultats sur l'ensemble de l'exercice.Depuis le mois d'août, près de dix millions de batteries défectueuses ont dû être rappelées par Sony. Il s'agit de batteries utilisées dans les ordinateurs portables de nombreux fabricants comme Dell, Apple ou Toshiba qui, dans certaines circonstances, peuvent s'échauffer de façon anormale. Ce programme de rappel et de remplacement pèse lourd sur les comptes du groupe d'électronique. Le résultat d'exploitation du trimestre écoulé a donc basculé dans le rouge, avec une perte de 20,8 milliards de yens (138 millions d'euros), contre un bénéfice d'exploitation de 74,5 milliards de yens voici un an. C'est là l'effet mécanique de la provision de 51 milliards de yens passée au titre du problème des batteries.Cette sévère contre-performance a complètement occulté la bonne tenue de l'activité du groupe. Le chiffre d'affaires trimestriel a en effet progressé de 8,3% à 1.850 milliards de yens (12,3 milliards d'euros), grâce à de bonnes performances dans les produits électroniques comme les téléviseurs à écran à cristaux liquides, les PC et les appareils photo numériques. L'activité du groupe a en revanche reculé dans sa division jeux vidéo, avec une baisse des ventes de 20,5% sur un an. La console portable PSP de Sony subit de plein fouet la concurrence de la DS de Nintendo. Les chiffres de ce matin confirment que l'exercice en cours sera difficile pour Sony. La semaine dernière, le groupe a réduit ses propres prévisions de résultat de 62%, citant bien sûr la crise des batteries, mais aussi d'autres facteurs comme les pertes de la division jeux vidéo. Les résultats de cette dernière vont être en particulier amputés par la baisse des prix que Sony doit consentir sur sa nouvelle PlayStation 3, qui sort le mois prochain au Japon et aux Etats-Unis, dans un contexte de concurrence exacerbée contre Nintendo et Microsoft. "Cette baisse des ventes est logique. Les consommateurs attendent la sortie de la PS3 pour s'équiper et les achats de PS2 se réduisent donc", explique Philippe Citroën, PDG de Sony France, dans une interview à latribune.fr. "Toutefois, malgré cette baisse des ventes de jeux vidéo et malgré l'impact négatif des rappels de batteries, il faut souligner que les réformes mises en place depuis un an par Howard Stringer, PDG du groupe Sony, portent leurs fruits. On le voit à travers la progression des ventes des produits électroniques qui représentent une grande part de notre activité. Et au deuxième trimestre de l'exercice 2006-2007, c'est en Europe, où nous réalisons 25% de notre chiffre d'affaires dans ce domaine, que la croissance des revenus a été la plus dynamique. Par ailleurs, il faut noter la bonne performance de notre filiale de téléphonie mobile Sony Ericsson. Comme pour Ericsson, elle a un impact très positif pour notre groupe. Ses ventes et ses revenus sont en croissance", estime Philippe Citroën.Pour l'exercice s'achevant en mars prochain, Sony table sur un bénéfice d'exploitation de 50 milliards de yens, contre 226 milliards pour l'exercice précédent. Une chute des plus sévères, donc: les analystes du consensus Reuters tablaient pour leur part sur 75 milliards de yens. "Sans l'impact des rappels de batteries, on aurait des résultats supérieurs aux attentes des analystes. Car l'opération de rappel des batteries coûtera, selon les estimations du groupe, 340 millions d'euros pour l'ensemble de l'exercice 2006-2007en cours et qui s'achèvera en mars prochain", précise Philippe Citroën.

latribune.fr

17 Sept 2010, 23:39

Partager :