Arcelor Mittal empêché de revendre Dofasco

C'est un sérieux contretemps pour Mittal: le numéro un mondial de la sidérurgie ne va finalement pas pouvoir revendre la filiale canadienne d'Arcelor, Dofasco. La fondation créée par Arcelor pour protéger Dofasco refuse en effet de se dissoudre, empêchant tout opération sur son capital.La protection anti-OPA imaginée par Arcelor pour s'opposer à l'assaut lancé contre lui par Mittal n'aura pas empêché ce dernier de s'emparer du sidérurgiste européen. En revanche, le dispositif témoigne de son efficacité: il a placé effectivement Dofasco, la filiale canadienne d'Arcelor, hors de portée de son nouveau propriétaire...Rappel des faits: en janvier dernier, Arcelor remporte de haute lutte contre ThyssenKrupp la bataille pour le contrôle du sidérurgiste canadien Dofasco, pour quelque 4,1 milliards d'euros. Mais à peine cette victoire assurée, le groupe européen devient à son tour la cible de Mittal, qui lance une OPA hostile à son encontre. Un affrontement qui durera quelque six mois et qui se soldera par la victoire totale du groupe de l'homme d'affaires d'origine indienne Lakshmi Mittal.Pendant cette bataille, Mittal passe un accord avec le groupe allemand ThyssenKrupp, l'adversaire d'Arcelor: si Mittal emporte Arcelor, il revendra Dofasco à ThyssenKrupp, de façon à alléger la facture de l'opération. Aussitôt, Arcelor imagine une riposte: il crée une fondation aux Pays-Bas, Strategic Steel Stichting, à laquelle il remet les actions de Dofasco. Les particularités du droit néerlandais font que cette fondation devient tout à fait autonome et seule maîtresse de l'avenir du capital de Dofasco.Après la victoire de Mittal, et la constitution du groupe Arcelor Mittal, les dirigeants du groupe fusionné, désireux de tenir leur engagement envers ThyssenKrupp, ont demandé à la fondation de se dissoudre, afin de permettre la cession. Mais la réponse vient de tomber: "Arcelor Mittal a été informé que les dirigeants de Strategic Steel Stichting, la fondation néerlandaise qui détient les actions de Dofasco, ont décidé le 10 novembre de ne pas dissoudre la fondation", précise un communiqué publié ce matin.Dès lors, Arcelor Mittal ne peut plus envisager de céder Dofasco, ni à ThyssenKrupp, ni d'ailleurs à un autre groupe. Pour le sidérurgiste, c'est un nouveau revers qui vient alourdir la facture de la reprise du groupe européen. Fin septembre, le groupe avait appris que les autorités boursières brésiliennes l'obligeaient à lancer une OPA sur les minoritaires d'Arcelor Brésil, contrairement à ses voeux. Une décision qui pourrait lui coûter quelque 3,9 milliards d'euros de plus que prévu.L'impossibilité de vendre Dofasco pose en outre un problème vis-à-vis des autorités américaines de la concurrence: celles-ci en avaient fait une condition pour approuver la fusion Arcelor-Mittal... Il est vrai qu'une parade a déjà été prévue: les Etats-Unis se satisferont à défaut, soit de la cession de l'usine Arcelor-Mittal de Sparrows Point dans le Maryland, soit de celle de Weirton, en Virginie occidentale. Le sidérurgiste européen précise ce matin qu'il va se mettre en contact avec département américain de la Justice à ce sujet.Côté ThyssenKrupp, on tente aujourd'hui de faire bonne figure après ce revers. Le groupe affirme dans un communiqué qu'il va "exploiter toutes les possibilités restantes pour arriver à la vente de Dofasco promise par Mittal Steel". Le groupe allemand ne précise pas à quelles possibilités il pense. Il avait déjà indiqué que, dans l'hypothèse où il ne pourrait finalement pas racheter Dofasco, il envisagerait des solutions de repli, dont la construction d'une usine sidérurgique sur le continent nord-américain.Après avoir reculé en début de matinée, l'action Mittal gagne 1,06%, à 33,50 euros, en fin d'après-midi à la Bourse de Paris. Certains investisseurs se demandent si le groupe ne pourrait pas en fait tirer profit d'un maintien de Dofasco en son sein, au vu des bons résultats de cette filiale.
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