Une intrigue amoureuse qui s'achève en "happy end", une musique de Rossini pétillante et savoureuse qui n'a pas grand chose à envier au "Barbier de Séville", le tout servi avec humour: "La pietra del paragone" ("La pierre de touche"), qui reçut à l'époque les louanges de Stendhal, est un petit chef d'oeuvre que le Théâtre du Châtelet à Paris a la bonne idée de remettre au goût du jour.

Le livret de Luigi Romanelli, qui est un modèle du genre, met en scène le Comte d'Asdrubale, riche héritier souhaitant se marier mais qui hésite entre deux chipies vénales -la baronne Aspasia et Donna Fulvia- et une exquise marquise, Clarice, dont l'amour est sincère. Pour révéler le réel dessein de chacune, il utilise un stratagème - tout comme la pierre de touche des alchimistes, qui servait à distinguer l'or des autres métaux -, en faisant croire qu'il est ruiné. Se greffent là-dessus un poète raté, un journaliste corrompu, un ami amoureux, et un choeur omniprésent.

L'ensemble est interprété avec un plaisir manifeste et communicatif par Jean-Christophe Spinosi et son ensemble Matheus. Mais ce qui, in fine, fait de cette "Pietra del Paragone" un réel divertissement, drôle et léger, c'est la proposition faite par les metteurs en scène Giorgio Barberio Corsetti et Pierrick Sorin qui invitent le public à assister en temps réel à la confection de décors virtuels sur des écrans vidéos, les personnages s'y trouvent incrustés alors qu'ils viennent d'évoluer en dessous, sur fonds bleu.

L'idée, sans être nouvelle, est ingénieuse et sa réalisation donne lieu à des moments hilarants. Sans compter que la vidéo permet, privilège rare à l'opéra, d'apprécier entre autres, les mimiques enfantines et charmantes de Sonia Prina, qui éblouit ici en marquise Clarice.


"La Pietra del paragone" de Rossini. Au Théâtre du Châtelet à Paris, les 22, 24, 26 et 28 janvier. www. chatelet-theatre.com. Tél: 01 40 28 28 40.