Selon Morgan Stanley, 2007 devrait bénéficier davantage aux salariés

Stephen Roach, chef économiste de Morgan Stanley, prévoit que le travail devrait être mieux rémunéré en 2007, aux dépends du capital. Une bonne nouvelle pour les salariés, qui devraient également voir leur protection sociale renforcée. Mais cela risque de créer un "environnement difficile" pour les marchés boursiers.

2007 serait-elle l'année des travailleurs? C'est en tout cas ce qu'affirme Stephen Roach. Selon l'économiste en chef de Morgan Stanley, "le mouvement de balancier du pouvoir économique pourrait commencer à se déplacer du capital vers le travail". En clair, les changements politiques aux Etats-Unis, en Europe et en Asie accroissent les chances d'augmentation de la rémunération du travail et du renforcement de la protection sociale.

Si du côté des salariés, on pourra se réjouir de la bonne nouvelle, le milieu boursier, lui, risque du coup de se trouver confronté à "un environnement difficile" d'après les prévisions de l'expert américain.

Cette augmentation du coût du travail risque aussi de favoriser les réflexes protectionnistes et l'augmentation des taux d'intérêt. Car elle pourrait accroître la pression sur les prix, et donc stimuler l'inflation, une crainte partagée par Jean-Claude Trichet, le président de la Banque Centrale européenne qui estimait, dès le 7 décembre 2006, qu'une tendance haussière des salaires était un "risque qu'[il] considère être élevé".

Ce réalignement, d'ores et déjà en cours selon l'économiste de Morgan Stanley, dans la redistribution des revenus de la croissance pourrait se traduire par une augmentation de 0,5% de la part du travail dans la croissance nationale dans les trois à cinq ans à venir. Dans le même temps, la part du capital devrait se réduire dans les mêmes proportions, selon Stephen Roach.

Preuve que le partage des richesses est un thème actuel, un récent sondage réalisé pour Bloomberg et le Los Angeles Times montre que près de trois-quarts des Américains considèrent l'augmentation de l'écart entre les revenus des riches et des pauvres comme un problème "sérieux".

Partout dans le monde, les signes de virages politiques en faveur du pouvoir d'achat des salariés se multiplient. A commencer par les Etats-Unis, où l'arrivée des démocrates au Congrès pourrait se traduire par une augmentation du salaire minimum et un élan donné au syndicalisme.

En Allemagne, IG Metall, le plus important syndicat du pays, a obtenu en 2006, la plus grosse augmentation salariale depuis plus de dix ans pour 85.000 salariés de l'industrie sidérurgique et prévoit de faire encore mieux en 2007. "Les résultats économiques sont si bons, que les employés doivent recevoir une part du succès qu'ils ont contribué à créer", juge Juergen Peters, le président d'IG Metall. Même la Chine s'y met. Les grands patrons y boostent les salaires et encouragent la création de syndicats dans leurs entreprises, tout comme le gouvernement central.

Certains experts européens restent sceptiques, à l'image de Ronald Janssen qui redoute que l'immigration et la concurrence des bas salaires asiatiques et est-européen n'empêchent encore les salaires d'augmenter en Occident. "Les augmentations salariales ont été très modestes et le resteront", affirme le conseiller économique pour la Confédération européenne des syndicats.

Mais pour d'autres, 2007 restera un tournant dans la redistribution des richesses de la croissance. "Même les employeurs estiment qu'il est temps de partager les forts revenus de la croissance avec les employés", assure Julian Callow de chez Barclay Capital, à Londres. Réponse dans un an.

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