Géraldine Laurent donne du souffle à l'alto

Révélation de 2006, Géraldine Laurent sort son premier album sous son nom. Un nouveau souffle pour le saxophone alto.

Voilà maintenant deux ans que les initiés attendent la sortie de cet album. Depuis qu'un soir d'été à Calvi, la saxophoniste Géraldine Laurent a estomaqué une référence dans le journalisme, Philippe Carles, rédacteur en chef de Jazz Magazine. Le "buzz" était parti. Claude Carrière lui consacre un "Jazz club", deux heures de direct sur France Musique. Un maître du saxophone, Jean-Louis Chautemps, déclare sa flamme dans Jazzman. Les honneurs suivent en 2006: Django d'or jeune talent, Révélation jazz du concours de Juan les Pins. Les tournées aussi: Russie, Afrique de l'Ouest et, ce mois-ci, à l'initiative de Culturesfrance, antenne du ministère des Affaires Etrangères, en Asie (Japon, Corée du Sud et Philippines).

Du souffle, de l'imagination, de la rigueur: la saxophoniste alto Géraldine Laurent représente l'une des plus belles découvertes de la décennie sur la planète jazz. Son premier album sous son nom ("Time out trio" - Dreyfus Jazz) retranscrit avec fidélité la fougue créatrice dont témoigne la jeune saxophoniste sur la scène des clubs. "Je fonctionne à l'instinct", confie Géraldine Laurent. N'empêche, le travail est là: dix-sept ans déjà de saxophone, au conservatoire de Niort, sa ville natale. "Je jouais du piano mais à treize ans, le saxophone m'est apparu comme une nécessité".

Sa formation de base, le trio sans piano (Laurent Bataille, batterie et Yoni Zelnik, basse) n'incite pas non plus au confort. La prise de risque est au rendez-vous. L'exemple le plus frappant en est donné avec "Lester left town", un thème fort de Wayne Shorter. Trois autres saxophonistes figurent dans son panthéon personnel - Ornette Coleman, Sonny Rollins et Eric Dolphy - aux côtés d'un bassiste protestataire et généreux, Charles Mingus, dont elle admire le chant "joyeusement désespéré".

N'en déduisez pas que Géraldine Laurent cultive le genre "poète maudit". Sa musique chante, ébouriffe, gifle l'auditeur, sans céder au cérébralisme. Son succès ne la perturbe guère. Elle entend continuer sur sa propre voie, sans se forcer. A l'instar de son jeu sur scène: un mariage de l'énergie contrôlée et du lyrisme bien tempéré.


Concerts au Sunside à Paris les 19 et 20 octobre, dans le cadre du JVC Jazz Festival. Réservations: 01 40 26 46 60.
28 octobre à Romilly sur Seine, 16 novembre à Nantes (Pannonica).
Discographie: "Time out trio". Géraldine Laurent. (Dreyfus Jazz-Sony BMG).

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