Tour de France : le dopage commence à gripper la machine économique

Le Tour de France débute samedi pour trois semaines. Malgré l'affaire Landis, le vainqueur déchu l'an passé, et les suspicions autour de son septuple champion, Lance Armstrong, la Grande Boucle a conclu de nouveaux partenariats. Les sponsors d'équipes sont toutefois bien plus inquiets.

Pantani, Ullrich, Armstrong, Virenque, Landis... les performances des plus grands champions cyclistes n'ont jamais autant attisé le doute. A l'instar du tour 2006, plusieurs grands noms du cyclisme ne participeront pas à l'édition 2007 du Tour de France, qui débute samedi depuis Londres pour une grande boucle de plus de 3.547 kilomètres durant trois semaines. Mis en cause dans l'"affaire Puerto" (vaste scandale de dopage sanguin), l'italien Petacchi regardera la prochaine grande boucle à la télévision, comme son compatriote Ivan Basso suspendu jusqu'en octobre 2008.

Jamais depuis que le Tour de France existe, on n'a vécu autant de scandales. Malgré une image bien écornée, la Grande Boucle continue d'attirer les sponsors. Les entreprises sous contrats pour le Tour de France 2007 seront plus nombreuses qu'en 2006. Cinq nouveaux venus fêterons leur entrée lors de la première étape samedi: quatre fournisseurs et un seul nouveau partenaire officiel, Sagem qui, pour près d'un million d'euros, remplace Intersport. Le contrat signé ne porte que sur un an. Néanmoins le groupe de télécommunication devrait proposer un partenariat bien plus long s'il estime les retombées positives.

Par ailleurs, les partenaires historiques du Tour que sont le Crédit Lyonnais, Nestlé, Champion et Skoda semblent vouloir continuer cette aventure qui leur coûte entre 3 et 5 millions d'euros par an. "Les informations sont pour l'instant officieuses, cependant nous devrions signer avec certains d'entre eux des contrats de 4 à 6 ans" selon Laurent Lachaux, directeur commercial et markéting d'ASO, l'entreprise qui organise, entre autres, le Tour de France. Skoda, qui met à disposition 115 véhicules pour l'événement, devrait ainsi renouveler son contrat. Quant aux autres partenaires officiels, Nike et CSC, ils devraient signer de nouveau pour 2 ou 4ans.

Malgré les différents scandales liés au dopage ces dernières années, le chiffre d'affaire du Tour de France continue de s'apprécier. Selon Laurent Lachaux, "2007 sera un très bon cru". La Grande Boucle offre l'opportunité de toucher un large public. Le Tour attire près de 15 millions de spectateurs, l'occasion pour certains sponsors d'organiser des évènements le long des routes. Présent sur le Tour à bord de plusieurs 2CV, la marque de charcuterie Cochonou distribue ainsi à chaque étape des saucissons auprès du secours populaire. De même, Antargaz, distributeur de gaz dont la clientèle est essentiellement rurale, profite de l'événement pour sensibiliser les habitants et surtout les élus des communes traversées.

La retransmission dans les médias de l'événement dont l'audience journalière du direct s'élevait à 3,6 millions de téléspectateurs l'an dernier en France, permet également aux entreprises partenaires de diffuser leur image auprès d'un large public. Le démarrage de l'édition 2007 dans la ville de Londres a pu aussi jouer un rôle. Aucune surprime n'a été demandé alors que cet événement "offre une caisse de résonnance fantastique à des groupes comme Nestlé, Orange ou Skoda", explique Laurent Lachaux. Les partenariats de la Grande Boucle ne semblent donc pas autant souffrir des problèmes de dopage que les équipes présentent sur le Tour.

L'humeur des sponsors d'équipes est en effet bien plus morose. Outre le suisse Phonak, déjà parti en raison des déboires de son ancien coureur Floyd Landis, le Crédit Agricole quittera lui aussi le cyclisme après l'édition 2007. Les différentes affaires de dopage ont eu raison de ses dix années de présence au sein du peloton. Le spécialiste du crédit à la consommation Cofidis hésite également à renouveler son contrat. Reste le cas de Festina. L'ancienne équipe de Richard Virenque a connu de manière surprenante des retombées positives en terme de ventes à la suite de ses démêlés judiciaires. Non seulement il s'agit d'un cas isolé, mais la marque de montres s'est toutefois retirée du sponsoring d'équipe pour se consacrer à l'organisation du Tour.

Par ailleurs, les tickets d'entrées ont augmenté. L'allemand T-mobile a ainsi dû allouer un budget de 15 millions d'euros à son équipe alors que la moyenne se situe autours de 7 millions. Pour d'autres sponsors comme AG2R, la recherche de co-partenaires s'avère désormais nécessaire. Or, la crise de confiance que traverse actuellement le cyclisme et la mauvaise image du sport que diffusent les problèmes de dopages rendent cette recherche encore plus difficile. L'avenir des sponsors d'équipe apparaît donc bien trouble.

Par conséquent l'édition 2007 se doit d'être une édition propre. C'est d'ailleurs le voeu "le plus cher" de son directeur, Christian Prudhomme. Le Tour de France risque sinon de perdre nombre de sponsors d'équipes soucieux de leur image.

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