La Banque du Japon laisse sans surprise son taux d'intérêt inchangé

Sans surprise, la Banque du Japon (BoJ) a annoncé qu'elle maintenait son taux directeur inchangé à 0,50%, niveau auquel il se trouve depuis février. L'institution estime qu'il faudra du temps pour sortir de la crise du crédit, le temps de tirer les leçons du manque de vigilance.

La Banque du Japon (BoJ) a annoncé jeudi qu'elle maintenait son taux directeur inchangé à 0,50%, niveau auquel il se trouve depuis février, une décision largement attendue par les marchés.

Le comité de politique monétaire de la BoJ a pris cette décision par huit voix contre une, le même score que lors de la réunion de juillet. Comme le mois dernier, l'unique dissident a été l'économiste Atsushi Mizuno, le cadet (48 ans) du comité de politique monétaire qui a une réputation de "faucon" toujours impatient de relever le loyer de l'argent.

Aucun mouvement de taux n'était attendu par les économistes, alors que les marchés mondiaux se remettent à peine d'une spectaculaire débandade déclenchée par la crise des prêts immobiliers à risque ("subprimes") aux Etats-Unis.

Sortir de la crise des prêts hypothécaires à risque "subprime" américains "va probablement prendre du temps" et se traduira par "des pertes et de la douleur" pour les établissements de crédit impliqués, a d'ailleurs estimé le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Toshihiko Fukui. Selon lui, la tourmente qui a balayé ces derniers jours les marchés financiers mondiaux est due au degré d'imprudence trop élevé qui y régnait, mais les intervenants sauront tirer les leçons de leur manque de vigilance.

Le marché du crédit "était trop décontracté", a-t-il estimé. "Il va maintenant s'atteler à la tâche de réévaluer les risques, et notre impression est qu'il ne va pas en revenir à la situation antérieure", a pronostiqué Toshihiko Fukui.
Le gouverneur a toutefois salué la prudence des banques japonaises, faiblement exposées aux créances "subprime" américaines. "Elles n'ont pas pris beaucoup de risques. Nous pensons que les institutions japonaises sont à l'abri", a estimé Toshihiko Fukui.

Une hausse des taux d'intérêt, mesure qui a pour effet de restreindre le crédit pour prévenir une surchauffe de l'activité, est le dernier remède dont une économie a besoin quand un ralentissement menace. Or les entreprises nippones, dont la santé dépend fortement des exportations vers les Etats-Unis, redoutent actuellement qu'une crise majeure de l'autre côté du Pacifique n'entraîne par ricochet une récession au Japon. Et ce même si les banques de l'Archipel sont en effet à l'abri des problèmes de créances "subprime".

En outre, la croissance nippone s'est avérée inférieure aux attentes au deuxième trimestre (+0,1%) et que les prix à la consommation ont reculé pour le cinquième mois consécutif en juin (-0,1%). Depuis qu'elle a aboli en juillet 2006 sa politique de taux zéro visant à combattre la déflation, la banque centrale nippone ne cache cependant pas son souhait de "normaliser" rapidement le loyer de l'argent au Japon pour réduire le différentiel avec ceux de la zone euro (4%) et des Etats-Unis (5,25%).

"La Banque du Japon veut apparamment normaliser les taux d'intérêt le plus vite possible. Mais elle va devoir attendre environ deux ou trois mois avant de le faire, car toute action risquerait d'entraîner un nouveau rebond du yen", a prédit Mitsuru Saito, économiste chez Tokai Tokyo Securities.

La prochaine décision de politique monétaire interviendra le 19 septembre.

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