Comme les laboratoires pharmaceutiques, les sociétés de biotechnologies font aussi leurs emplettes. Et comme les premiers, les secondes ont une appétence toute particulière pour les médicaments anticancéreux qui affichent un taux de croissance trois fois supérieur (21%) à celui du marché pharmaceutique (7%). L'entreprise américaine Celgene, spécialisée dans le cancer et les maladies inflammatoires, va ainsi acquérir son compatriote Pharmion pour 2,9 milliards de dollars en cash et en titres. Celgene est donc prêt à payer plus de 10 fois le chiffre d'affaires de sa cible. Pharmion, qui emploie un peu plus de 400 personnes, a réalisé 255 millions de dollars de vente et accusé une perte nette de près de 91 millions en 2006.

"Le rapprochement de nos deux portefeuilles de produits et de nos organisations nous donne l'opportunité de créer un leader mondial dans l'hématologie-cancérologie", estime le directeur général de Pharmion . La quatrième biotech mondiale va mettre la main sur le Vidaza de Pharmion. Indiqué pour traiter le syndrome myelodysplastic (un désordre du sang pouvant conduire à la leucémie), le Vidaza a rapporté 55 millions de dollars de chiffre d'affaires au troisième trimestre et peut prétendre à terme au statut de blockbuster (médicament d'au moins 1 milliard de dollars de chiffre d'affaires annuel).

Une récente étude vient de démontrer que l'espérance de vie pour les patients traités avec le Vidaza était 24 fois supérieure à celle de ceux prenant des traitements standards. Nul doute que Celgene va reprendre à son compte le projet de Pharmion de déposer une demande d'autorisation de mise sur le marché du Vidaza en Europe, jusqu'ici autorisé seulement aux Etats-Unis.

En outre, Celgene pourra commercialiser son Revlimid pour les patients moins sévèrement touchés par le syndrome myelodysplastic puis les basculer ensuite sur le Vidaza, s'ils développent une résistance. Au total, Celgene disposera d'une franchise de trois produits dans le cancer. En plus de celui trouvé chez Pharmion, la biotech du New Jersey possèdent déjà le Revlimid et le Thalomid. En octobre, les résultats trimestriels de Celgene se sont inscrits en hausse mais les ventes du Revlimid avaient déçu le marché entraînant une chute de près de 9% de son cours de Bourse.