L'université peine à insérer ses diplômés

Une étude de l'Association pour l'emploi des cadres souligne les difficultés des diplômés d'université à trouver un emploi stable adossé à un statut cadre. Explication : l'absence de stage et d'accompagnement à la recherche d'un emploi dans les facs.

Ce n'est pas un scoop : pour décrocher facilement un premier emploi, mieux vaut afficher sur son CV le nom d'une grande école qu'un master universitaire. Une idée reçue confortée par les résultats d'une nouvelle enquête de l'APEC, réalisée auprès de diplômés 2004 (Bac+4 et plus). Deux ans après leur sortie, 18 % des ex-étudiants de l'université sont toujours à la recherche de leur premier job, contre 9 % des diplômés d'écoles.

Parmi ceux qui ont trouvé un emploi, seul un universitaire sur deux est actuellement cadre (ou fonctionnaire cat. A), contre 87 % et 63 % des disciples des écoles d'ingénieur et de commerce. Le salaires médians suivent la tendance : 25.000 euros pour les premiers contre 30.000 euros pour les autres. Les inégalités se jouent aussi sur le terrain des contrats : 55 % des jeunes passés par la fac sont en CDI, contre 77 % des diplômés d'écoles.

Une première explication semble évidente : les disciplines enseignées dans les écoles d'ingénieur et de commerce correspondent à des secteurs porteurs sur le marché de l'emploi. Ainsi, les jeunes ayant étudié le commerce, la gestion, la finance, le marketing, l'informatique ou les sciences de l'ingénieur connaissent tous de bons taux d'insertion, en fac ou en écoles.

Seuls 8 % d'entre eux n'ont pas trouvé de travail aujourd'hui. En revanche un quart des étudiants des filières traditionnellement universitaires comme le droit, l'économie, les SVT, les lettres et les langues n'ont toujours pas signé leur premier contrat, même temporaire. Pire : à la date du sondage, 40% d'entre eux étaient au chômage. Par ailleurs, l'écart entre les rémunérations s'explique en partie par le fait qu'un quart des anciens de la fac est employé par le secteur public, contre 4 % des diplômés d'écoles de commerce.

Deuxième élément de réponse : l'incitation à réaliser des stages. A peine un diplômé sur deux des universités a effectué trois stages ou plus, contre les trois quarts des élèves d'école. Or, d'après l'enquête, plus ce nombre croit, plus les jeunes décrochent facilement un premier emploi.

Troisième facteur : l'importance des méthodes de recherche de travail, traditionnellement plus enseignées dans les écoles qu'à l'université. Le rôle du réseau et des candidatures spontanées est déterminant : près de la moitié des sondés ont trouvé leur premier job par ce biais. En moyenne, un jeune diplômé a envoyé 50 CV avant d'obtenir un poste.

L'étude démontre par ailleurs la persistance des inégalités entre hommes et femmes. Même si le taux d'accès au premier emploi est identique, les filles subissent d'autres discriminations, moins visibles. Parmi l'échantillon interrogé, 7 hommes sur 10 étaient cadres, contre la moitié de leurs consoeurs.

Certes, les femmes sont plus nombreuses dans les secteurs reconnus comme "difficiles" (communication, sciences humaines, lettres). Mais même dans ces filières, les garçons sont davantage cadres (58% contre 44 %) et obtiennent plus de CDI. Un écart qui se maintient à l'intérieur des secteurs traditionnellement masculins (informatique, sciences de l'ingénieur). Quant aux salaires, ils suivent le mouvement. Aujourd'hui, les hommes diplômés en 2004 gagnent en moyenne 2 800 euros de plus par an que leurs ex-voisines d'amphi.

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