Vote à haut risque pour le patron du Monde

Les journalistes du quotidien doivent se prononcer ce soir sur la reconduction de Jean-Marie Colombani à la présidence du directoire du groupe. Le scrutin s'annonce très incertain.

C'est ce soir que les journalistes du Monde et ceux des ex-Publications de la Vie Catholique vont se prononcer sur la reconduction de Jean-Marie Colombani, au poste de président du directoire du groupe et directeur de la publication. Briguant un troisième mandat, Jean-Marie Colombani a vu sa candidature soutenue par les administrateurs extérieurs du Monde ainsi que par l'association Hubert-Beuve Méry.

Lundi soir, les cadres et employés du quotidien se sont également prononcés massivement en faveur d'un nouveau mandat du patron du Monde. En revanche, La Société des journalistes de Midi Libre a voté contre à 52,34%. Dans ce contexte, le vote de la société des rédacteurs du Monde (SRM) revêt une grande importance d'autant que les journalistes détiennent un droit de veto sur la nomination du patron du groupe. Pour remporter les suffrages de la SRM, le candidat doit réunir au minimum 60% des voix, ce qui est loin d'être acquis.

Si la présidence de Jean-Marie Colombani est ainsi contestée, c'est que les journalistes du Monde sont nombreux à estimer que la stratégie de développement initiée par le patron du Monde s'est faite au détriment de l'indépendance du journal et d'une situation financière dégradée. Pour la sixième année consécutive, le quotidien est en effet dans le rouge et la perte nette cumulée atteint 146 millions d'euros. Il est vrai que Jean-Marie Colombani a voulu bâtir un grand groupe de presse qui s'étend désormais de la presse magazine à la presse régionale sans oublier la presse gratuite.

Par ailleurs, pour beaucoup, Jean-Marie Colombani (JMC) reste le président qui a laissé le groupe Lagardère prendre 15% du capital du Monde. Un acte d'autant plus mal perçu que JMC s'était fait le spécialiste de la défense de l'indépendance de la presse. Pour sa part, Jean-Marie Colombani veut défendre son bilan : "aujourd'hui, on voit assez clairement le modèle économique qui sera le notre, et on voit assez comment repositionner les journalistes et le journalisme de qualité. Cette vision là me paraît mériter de continuer d'être conduite".

Cependant, si ce soir la SRM vote contre la reconduction de Jean-Marie Colombani, le groupe risque d'entrer dans une nouvelle phase de turbulences. Pour tenter de désamorcer la crise, il a accepté la semaine dernière une réforme de la gouvernance avec séparation du président du directoire du groupe et du directeur du quotidien.

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