Trois questions à ... Jérôme Brun

Responsable de la recherche quantitative crédit à Société Générale, Jérôme Brun fait le point sur le métier de quant et ses différentes options de carrière.

On parle aujourd'hui beaucoup des quants. Depuis quand la finance a-t-elle besoin de ces professionnels et pourquoi ?

Ce métier a seulement une quinzaine d'années. Si l'analyse quantitative a débuté dans les années 70, ce sont les années 90 qui ont vu son incroyable développement, lié à la sophistication des produits et des méthodes. Nous sommes des ingénieurs de recherche sur marchés financiers, cela signifie que nous faisons de la R&D, mais avec des contraintes de temps et de marché importantes. Nous ne sommes donc pas des "chercheurs fous" ! Il s'agit bien d'une fonction de support, certes prestigieuse. Concrètement, les quants fournissent au front-office (trading, structuration) des outils d'évaluation et de gestion des risques des produits structurés. Pour cela, ils utilisent des modèles mathématiques sophistiqués, et un jeune diplômé est souvent amené à mettre directement en pratique ce qu'il a appris lors de ses études. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que de nombreuses autres équipes recherchent des profils quantitatifs, en particulier au niveau du contrôle de risques : validation des modèles développés par les quants, limites sur le risque de marché ou encore étude du risque de contrepartie.

Quelle est la carrière type d'un quant ?

Difficile de dessiner un parcours type tant le métier est récent. C'est souvent un premier poste, car il met en jeu les techniques apprises lors des stages et des études. Il est assez classique de rester 3 ou 4 ans sur ce poste. Certains peuvent toutefois y rester nettement plus longtemps. D'autres feront le choix de devenir structureur, trader et, assez rarement, vendeur. Après 5 à 10 ans d'expérience, les quants ont aussi le choix de s'orienter vers des postes d'encadrement d'équipe ou encore, pour ceux qui ont plus la fibre financière, de rentrer dans un fonds d'investissement. Il faut garder en tête que ce métier est passionnant mais exigeant et parfois aride. Aussi faut-il le choisir pour ce qu'il est, plutôt que pour les portes qu'il peut ouvrir.

Quelle est la demande actuelle des marchés pour ces professionnels ?

L'analyse quantitative est une activité qui se développe vite et qui recrute. De plus en plus de banques se lancent dans les produits structurés. Et sans les quants pour la soutenir, pas d'innovation ! De plus, une nouvelle tendance est à l'oeuvre : notre expertise s'étend sur les produits plus simples, dits vanilles, un marché de plus en plus liquide et compétitif. Ce qui crée une deuxième vague de recrutement. Sur les swaps de taux, par exemple, la méthode de construction de la courbe des taux s'est affinée et une petite différence de méthode peut faire la différence pour remporter le deal.

Parallèlement, ces professionnels restent des ressources rares. Si l'on compte les personnes susceptibles de faire ce métier, c'est-à-dire de formation mathématique de type école d'ingénieur complétée par un Master 2 de mathématiques financières, il y a peut-être 150-200 candidats potentiels par an, dont seulement un tiers peut-être souhaite se diriger vers ce métier, en France, mais de plus en plus à l'étranger... Du coup, on assiste actuellement à une revalorisation des salaires très nette*.

*Selon la dernière étude de rémunération de Robert Half (juillet 2007), un ingénieur quantitatif gagne entre 60 et 80K€ avec 3 à 5 ans d'expérience, 80 à 120K€ entre 5 et 7 ans d'expérience et enfin de 100 et 120K€ à 7 ans d'expérience et plus. Quel que soit le niveau de séniorité, le bonus est au minimum à 30% du fixe.

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