La Russie veut investir ses pétrodollars dans les multinationales

Selon un plan concocté par le ministre des Finances russe, Alexei Kudrin, une partie des actifs du fonds de stabilisation des investissements va être utilisé pour prendre des participations importantes dans les multinationales, révèle ce matin le Financial Times

C'est une première: la Russie a décidé d'investir massivement ses pétrodollars dans des multinationales, dopant la présence russe sur les marchés financiers internationaux. C'est l'une des mesures phare du plan initié par le ministre des Finances russe, Alexei Kudrin, pour doper les investissements russes à l'étranger en se servant du fonds de stabilisation des investissements russes qui a amassé 108 milliards de dollars provenant de la manne des pétrodollars depuis sa création en 2004, explique le Financial Times dans son édition du 25 avril.

Un fonds de réserve sera constitué, d'un montant égal à 10% du PIB, pour garantir les investissements sur trois ans, notamment si le prix du pétrole diminue de moitié. Tous les surplus générés par ces investissements pétroliers seront affectés à un fonds "pour les générations futures", destiné à financer des projets à long terme.

Le fonds de réserve devrait être doté d'un montant de 142 milliards de dollars, tandis que le fonds pour les générations futures serait doté de 24 milliards de dollars. "Il devrait voir ses réserves augmenter si les prix de l'énergie se maintiennent à la hausse", écrit le FT.

Le ministre Alexei Kurdin a également confié au quotidien économique britannique que les sommes seraient investies dans un portefeuille composé d'obligations d'Etat, comme c'est actuellement le cas. L'autre fonds investirait quant à lui dans des actifs plus risqués. "Nous allons prendre des parts dans les entreprises de secteurs variés, comme l'industrie pétrolière et gazière, pour pouvoir obtenir des rendements plus importants", a-t-il précisé au FT. Ce plan illustre la bonne santé des finances russes, dopées par les records des prix enregistrés dans le domaine de l'énergie, depuis la crise de 1998.

Reste que la décision du ministère des Finances d'invertir sur le marché mondial peut se heurter à l'opposition de certains politiciens russes qui veulent que les fonds soient investis - ou dépensés - sur le marché national. Mais le ministre se veut confiant et a minimisé l'opposition probable. "Seuls les partis de gauche et les communistes pensent qu'investir nos réserves financières à l'ouest revient à financer des projets américains", a-t-il déclaré. Et de poursuivre: "cela n'a aucun sens pour les personne normales. Le marché financier mondial fournit des services pour sécuriser nos investissements, c'est la même chose dans tous les autres pays".

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