Les investisseurs qui traquent le moindre dérapage sur les pays émergents ont été servis. Ce matin, la Bourse de Bombay leur a donné leur première frayeur. Après des semaines d'euphorie, l'indice Sensex, à son plus haut historique lundi après avoir passé le cap des 19.000 points, a connu un véritable mais passager coup d'arrêt.

A l'ouverture, l'indice a perdu jusqu'à 9,2%, et les échanges ont été suspendus, après que les autorités de régulation eurent annoncé leur intention de limiter les achats de titres par les investisseurs étrangers, notamment les hedge funds. Mais si cette perspective a semé la panique, le marché s'est ensuite vite rétabli. En fin de séance, l'indice limitait en effet son repli à 1,76%.

Pour certains intervenants, cette annonce, bien qu'inattendue, est perçue comme saine au regard de l'afflux exceptionnel de capitaux qui se sont déversés sur ce marché. Depuis le début de l'année, les fonds étrangers, attirés par la croissance de l'économie et les formidables perspectives bénéficiaires des entreprises (+20% attendus en moyenne cette année), ont injecté pas moins de 16,54 milliards de dollars dans les actions indiennes.

Un engouement qui a contribué à l'envolée de la devise qui, à 39,31 roupies pour un dollar (+11% depuis janvier), pénalise aujourd'hui les exportations du pays, notamment dans le domaine de l'informatique.

Autre point positif, cette alerte n'a pas affecté outre mesure les autres places asiatiques. Sur les places émergentes, l'indice Shanghai Composite a cédé 0,92%, le Kospi en Corée du Sud, 1,09% et le Straits Times à Singapour 0,51%. Mais au vu des records touchés les jours précédents, ces baisses s'apparentent plus à des prises de bénéfices légitimes.

Enfin à Tokyo, l'indice Nikkeï 225 a laissé 1,1%, et le Topix 1,5%, mais ce dernier été plus particulièrement affecté par les déclarations d'UBS. La banque a revu en baisse ses prévisions de bénéfices sur dix banques japonaises, craignant un risque de contagion de la crise des "subprimes" américaine sur ces dernières. Mtsubishi (-4%) et Sumitomo Mitsui Financial (-5,8%) et Nomura (-5,7%) se sont donc vivement repliées.