Prochains mois à haut risque pour l'allemand TUI

Le leader européen du tourisme devrait annoncer une perte de près de 900 millions d'euros pour 2006 suite à des dépréciations élevées. Le fonds britannique Hermes veut faire monter la pression avant la prochaine assemblée générale pour imposer un nouveau management. Michael Frenzel, dont le contrat arrive à terme en novembre 2008, est sous pression.

TUI est dans une mauvaise passe. Lanterne rouge du DAX l'an passé avec une dégringolade de 12,50% sur un an alors que l'index des trente plus fortes valeurs allemandes progressait de 22%, l'action devrait continuer à être malmenée en ce début d'année. La plupart des analystes l'ont mis à l'index. Dans une étude récente, Jochen Rothenbacher, analyste chez Equinet, estime que son potentiel est à 12,30 euros. Hier soir, elle a toutefois terminé en légère hausse 0,69% à 16,09 euros.

"Les tentatives faites par l'entreprise pour tenter de résoudre ses problèmes et d'améliorer ses marges sont restées jusqu'à présent sans succès" juge t-il. De surcroît, le vaste plan de restructurations annoncé en décembre n'a guère convaincu les analystes. La suppression du dividende pour 2006 prouve en tout cas que la situation est sérieuse même si la direction pour l'instant n'a pas dévoilé l'étendu des dégâts.

Certains experts estiment que la perte nette devrait être légèrement inférieure au milliard d'euros et tourner autour des 900 millions pour un chiffre d'affaires consolidé de quelque 22 milliards. La résultante d'une mauvaise année pour Hapag Lloyd, sa division de transport maritime, qui devrait avoir terminé sur une perte opérationnelle de quelque 150 millions. Mais ce sont surtout les dépréciations nécessaires sur ses actifs dans le tourisme qui vont gâter le bilan.

Le directeur financier, Rainer Feuerhake, a pour l'instant seulement concédé qu'elles pourraient atteindre plusieurs centaines de millions. Elles sont imputables en grande partie à Thomson Travel, racheté très cher en 2000 (2,97 milliards d'euros) comme la plupart des acquisitions réalisées par le groupe. Pour Michael Gierse du fonds Union Investment, le touropérateur britannique aura été payé 50% au dessus des valeurs habituelles. Le rachat du chantier CP Ships l'an passé pour 1,7 milliard aurait aussi été surpayé de 25%.

SA filiale française, Nouvelles Frontières, qui pourrait avoir terminé 2006 sur une perte opérationnelle de quelque 60 millions, devrait entraîner aussi quelque 150 millions de dépréciations. Depuis son entrée dans Nouvelles Frontières à la fin 2000, TUI devrait avoir déboursé au moins 500 millions pour son aventure française entre le ticket d'entrée, les pertes multiples qu'elle a dû combler, une augmentation de capital,...

Puisque le président de TUI, Michael Frenzel semble prêt à faire une opération vérité cette année pour assurer ses engagements pour les prochaines années, les experts pensent qu'il passera un goodwill d'au moins 700 millions sur 2006.

Autant de mauvaises nouvelles qui commencent à faire perdre patience à certains actionnaires qui critiquent notamment les déficiences au niveau du management. A l'automne, le fonds de pension britannique Hermes a envoyé dans un document de 60 pages un ultimatum à Frenzel lui donnant dix huit mois au plus pour scinder les activités de logistique et de tourisme et mettre en place un nouveau management. L'absence de synergies entre ses deux activités a déjà fait l'objet de nombreuses critiques de la part des actionnaires lors de la dernière assemblée générale.

Les analystes s'attendent à ce que le fonds Hermes fasse monter la pression à compter de la fin février, date à laquelle la direction devrait finaliser le bilan 2006. La présentation du détail des comptes est prévue pour le 21 mars. Certains experts n'excluent pas qu'Hermes renforce sa participation dans le groupe à la veille de l'assemblée générale prévue en mai pour augmenter sa marge de manoeuvre et arriver à ses fins.

Aujourd'hui TUI n'a plus que deux actionnaires qui détiennent plus de 5% du capital, la famille espagnole RIU et la banque Casa de Ahorros del Mediterraneo indirectement, ce qui fait dire aussi à certains experts qu'il serait opérable puisque la valeur seule de sa participation dans le transport maritime est équivalente à sa valorisation boursière. Celle-ci n'atteint plus les 4 milliards d'euros.

Dans un entretien au Süddeutsche Zeitung de lundi, le patron du groupe a reconnu qu'il se réjouirait de trouver des investisseurs stratégiques pour se protéger contre une attaque inamicale. De fait, sa chaise semble de plus en plus vacillante.

Des rumeurs ont d'ailleurs laissé entendre que Wolfgang Bernhard, suite à son départ de Volkswagen la semaine passée, pourrait entrer chez TUI. Une hypothèse aussitôt démentie par le groupe. Bernhard a l'inconvénient de ne pas connaître le tourisme mais il a une bonne réputation de redresseur et serait bien apprécié par Michael Frenzel qui pourrait en lui cédant sa place volontairement sauver sa peau en passant pour sa part à la tête du conseil de surveillance. Un schéma toutefois qui risque de déplaire aux fonds.

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