François Bayrou lance jeudi son "Mouvement démocrate"

Le leader centriste, lâché par la quasi-totalité des députés UDF, fait un pari risqué. Ses chances de décrocher des circonscriptions aux législatives sont minimes, selon les observateurs.

François Bayrou a eu son heure de gloire. En remportant 18,57% des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle, le leader centriste, fort du soutien des 6,8 millions d'électeurs qui l'ont choisi, s'est posé en arbitre du duel droite-gauche qui régit depuis des décennies la vie politique française.

Jouant son va-tout, François Bayrou lance jeudi son "Mouvement démocrate" dans la perspective des législatives lors d'un conseil national de l'UDF à Paris. Précédé d'un bureau politique à huis clos, ce conseil national, où sont attendues entre 1.500 et 2.000 personnes, se prononcera par vote à bulletins secrets sur la création de ce nouveau parti qui devrait rompre avec la tradition ancrée au centre-droit de l'UDF pour s'ouvrir vers le centre gauche.

Objectif de François Bayrou pour les législatives: présenter dans les 577 circonscriptions des candidats sous l'étiquette de ce nouveau parti et susciter ainsi un certain nombre de triangulaires lui permettant de décrocher des sièges en nombre suffisant pour constituer un groupe parlementaire dans la future Assemblée - soit un minimum de 20 députés - et préparer ainsi l'échéance de la présidentielle de 2012!

Pour se rassurer, le président de l'UDF peut s'appuyer sur les résultats d'un sondage CSA pour le Parisien et France Info réalisé au soir du 6 mai. Selon ce sondage, les intentions de vote au premier tour des élections législatives se porteraient à 15% sur les candidats du nouveau parti démocrate, à 30% sur ceux du parti socialiste et 35% ceux de l'UMP.

Malheureusement pour le leader centriste, son succès à la présidentielle pourrait tourner court aux législatives, si l'on en croit les observateurs politiques. Car François Bayrou, en annonçant entre les deux tours qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy le 6 mai, a provoqué une fuite de ses soutiens vers le camp sarkozyste. 22 députés sur les 29 qui constituent le groupe UDF à l'Assemblée ont répondu à l'appel de Nicolas Sarkozy en acceptant de faire partie de la majorité présidentielle, tout en gardant leur autonomie.

Ceux qui constituèrent la garde rapprochée de François Bayrou pendant la campagne sont en désaccord avec l'option politique de leur leader prêt à se rapprocher du parti socialiste pour construire un grand parti social-démocrate. Ils redoutent que pour gagner des circonscriptions, le Mouvement démocrate doive passer des accords avec le Parti socialiste. "Ce n'est pas notre choix", affirme François Sauvadet, député de la Côte d'Or et porte-parole du groupe UDF à l'Assemblée.

C'est donc un François Bayrou bien seul qui va présider aux destinées de son nouveau parti. Avec des chances minimes pour les législatives. Le député européen UDF Jean-Louis Bourlanges, expert reconnu de la vie politique, a estimé mercredi que sans accord électoral avec le Parti socialiste, le nouveau Mouvement démocrate aura "une représentation très insignifiante" à l'Assemblée nationale. Or, cet accord, "vous ne l'aurez pas", a lancé Jean-Louis Bourlanges en direction de François Bayrou, en lui rappelant que les près de 7 millions d'électeurs qui ont voté pour lui au premier tour formaient un électorat "formidablement composite".

Au PS, des voix s'élèvent déjà pour s'opposer à la stratégie d'ouverture au centre proposée par Ségolène Royal entre les deux tours. Claude Bartolone, proche de Fabius, a considéré mercredi dans le Figaro qu'un accord électoral entre le PS et les centristes pour les législatives serait "un très mauvais signal envoyé aux électeurs socialistes et serait même contre-productif"...

23 députés UDF veulent appartenir à la majorité présidentielle
L'UMP a confirmé ce mercredi sa décision de ne pas présenter de candidats aux élections législatives face aux députés UDF sortants qui ont apporté leur soutien à Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle. L'UMP rappelle dans ce communiqué publié à l'issue d'une réunion de sa commission nationale d'investiture que le bureau politique du parti avait décidé le 5 juillet de "réserver" les circonscriptions détenues par des députés de l'UDF.
Dans une tribune publiée mercredi par Le Figaro, 23 députés UDF et apparentés confirment leur volonté d'appartenir à la majorité présidentielle. "Tout en conservant notre autonomie au Parlement, et sans intégrer l'UMP, nous inscrivons sans hésitation notre démarche dans la majorité présidentielle qui se dessine", écrivent-ils dans ce texte intitulé "Pour un centre libre dans la majorité présidentielle". "Il est impératif de créer les conditions du rassemblement le plus large possible, dont la France a tant besoin", ajoutent ces députés, qui saluent notamment "l'accord de principe" de Nicolas Sarkozy sur l'introduction d'une dose de scrutin proportionnel dans les élections législatives de 2012. La plupart d'entre eux, dont le président du groupe UDF à l'Assemblée nationale, Hervé Morin, avait soutenu la candidature du président du parti centriste François Bayrou à l'Elysée et ont rallié Nicolas Sarkozy entre les deux tours du scrutin.

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