Volkswagen croit en son potentiel

Le groupe allemand refait de la croissance sa priorité. En 2008, il vise un résultat avant impôt d'au moins 5,1 milliards d'euros. Il va mettre sur le marché en 2009 un "vrai modèle Volkswagen à quatre portes à bas prix" pour ne pas laisser tout le terrain à Renault.

Ce n'est pas pour rien que Martin Winterkorn, nouveau président du directoire de Volkswagen, est considéré comme le fidèle lieutenant de Ferdinand Piëch, puissant président de son conseil de surveillance qui tire par derrière toutes les ficelles. En présentant le détail des comptes du dernier exercice, l'ingénieur avait choisi un discours qui rappelle clairement celui de son mentor, quand celui-ci était président du directoire jusqu'en 2002.

Priorité à la croissance et aux volumes pour devenir dans les dix ans "le constructeur automobile de masse le plus innovant et avec la qualité la meilleure". En ligne de mire : Toyota, à qui il entend bien reprendre le leadership actuel.

"Notre vaste structure est unique au monde. Nous avons toujours été au top en matière de qualité et d'innovation. Mais visiblement nous devons à l'avenir mieux vendre tout ce que nous réalisons", a concédé l'ancien patron de la filiale Audi. Une stratégie qui passe notamment par un repositionnement des marques (Volkswagen, Skoda, Bentley, Bugatti, Audi, Seat et Lamborghini) pour éviter les effets de cannibalisation, et la sortie de nouveaux modèles, pour être présents sur un maximum de niches.

En redonnant aux marques leur indépendance tout en maintenant un contact très étroit avec la centrale et en centralisant les fonctions globales, il espère bien relancer la dynamique et vendre un jour 7 ou 8 millions de voitures. En 2006, les ventes ont bondi de 9,4% à 5,7 millions en 2006, lui donnant une part du marché mondial de 9,7% contre 9,1% un an auparavant, et de près de 20% en Europe grâce à une gamme qui comptait l'an dernier 129 modèles de voitures et camions.

Les marchés émergents, et notamment l'Inde et la Russie où il est en train d'installer des lignes de montage, sont en ligne de mire. Face au succès de Renault avec sa Logan, il veut aussi mettre sur le marché en 2009 une "vraie Volkswagen à quatre places située en prix sous la Fox", son modèle d'entrée de gamme aujourd'hui.

Fini la période où l'objectif de restructuration occupait tous les discours des dirigeants. Martin Winterkorn a certes rappelé que la baisse des coûts restait une priorité. Mais les mesures ont déjà été identifiées et sont en cours de réalisation.

Les deux plans Formotion vont permettre ainsi entre 2004 et 2008 de réduire les coûts, en cumul, de quelque 10 milliards au total, ce qui doit permettre à cette date un bénéfice imposable d'au moins 5,1 milliards d'euros. L'objectif est ambitieux, puisque le bénéfice imposable s'est affiché à 1,79 milliard en 2006. Mais le groupe visiblement est optimiste compte tenu de la marge de manoeuvre identifiée.

Pas question non plus d'accentuer le programme de suppression d'emplois annoncés l'an dernier. Sur la réduction de 20.000 postes prévue à terme, 7.000 ont pu déjà être réalisés l'an dernier grâce aux départs volontaires et surtout aux pré-retraites. Une dernière mesure qui va permettre progressivement de baisser à 80.000 actifs les effectifs des usines allemandes, contre 85.000 aujourd'hui. En augmentant les volumes et baissant les effectifs, Volkswagen entend ainsi progressivement arriver à faire tourner ses usines à plein régime. Aujourd'hui, le taux moyen tourne autour de 80%.

Sur l'exercice en cours, Volkswagen a réaffirmé miser sur une légère hausse de ses livraisons. Le chiffre d'affaires et le bénéfice d'exploitation avant exceptionnels, qui sert d'étalon pour les prévisions internes du constructeur, doivent eux aussi progresser.

Le groupe allemand avait déjà publié ses résultats annuels fin février. Le bénéfice net a plus que doublé sur la période, grâce notamment aux réductions de coûts et à des cessions d'actifs, atteignant 2,75 milliards. Et ce, malgré 2,7 milliards de frais de restructuration. Le chiffre d'affaires a grimpé de 11,6% à 104,87 milliards.

La division Volkswagen (marques Volkswagen, Skoda, Bentley, Bugatti), longtemps "enfant à problèmes" du groupe, a notamment confirmé son redressement l'an dernier. Elle a engrangé un bénéfice d'exploitation de 1,4 milliard, plus que doublé par rapport à 2005.

Autre point positif, Volkswagen est revenu dans le vert en 2006 en Chine, marché stratégiquement très important pour le constructeur puisqu'il y détient une part de marché de 17,1%, avec un bénéfice d'exploitation de 108 millions d'euros. En 2005, plombé par une concurrence très vive, notamment de l'américain General Motors, il avait essuyé une perte de 119 millions d'euros. La situation reste en revanche difficile sur le marché américain, où Volkswagen fait les frais d'effets de change négatifs. Il y a essuyé une perte de 607 millions en 2006, contre une perte de 866 millions l'année précédente.

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