La Chine se fixe un cap prudent pour les cinq prochaines années

A l'issue du Congrès du parti communiste, qui s'est achevé hier, une nouvelle génération de hauts dirigeants arrive au sommet de l'Etat. La composition subtile des instances du pouvoir, entre libéralisation et orientation sociale, confirme tout en la délimitant l'influence du président Hu Jintao.

Consolidation du pouvoir du président Hu Jintao, entrée sur le devant de la scène des deux futurs hauts dirigeants du pays dans cinq ans, et relative diversité des influences au sein des instances du régime, tels sont les principaux résultats de la réunion du 17ème Congrès du parti communiste chinois qui s'est tenu tout au long de la semaine dernière.

Désormais l'organe le plus élevé du régime, le Comité permanent du Parti communiste compte parmi ses neuf membres les deux probables successeurs de Hu et de son premier ministre, Wen Jiabao. Il s'agit de Xi Jinping, chef du Parti à Shanghai, et Li Keqiang, chef du Parti de la province du Liaoning. Ces deux quinquagénaires (ils ont respectivement 54 et 52 ans) n'ont pas été explicitement désignés pour remplacer l'actuel tandem au pouvoir. Mais les analystes considèrent que leur âge et leur statut ne laissent guère de doute sur leur prestigieuse destinée. On prête au président Hu une préférence pour Li, qui a été son collaborateur au sein des Jeunesses communistes. L'ascension d'une alternative, en la personne de Xi, pourrait signifier que certaines personnalités ne souhaitent pas laisser Hu Jintao décider seul de l'identité de son successeur.

Signe de la recherche d'un certain équilibre entre les différentes influences et les différentes régions au sein du Comité permanent, des personnalités telles que Wu Bangguo et deux autres dirigeants, Li Changchun et Jia Qinglin, nommés à l'époque de Jiang Zemin, l'ancien président chinois, ont été maintenues en poste. Inversement, Zeng Qinghong, 68 ans, numéro cinq de la hiérarchie communiste et un temps considéré comme un rival de Hu installé par Jiang Zemin, s'est retiré.

Ce panachage subtil délimite l'étendue des pouvoirs dont dispose Hu Jintao. Celui-ci a fait inscrire dans la constitution du Parti le concept de "développement scientifique" qui désigne la volonté de hisser la Chine vers un modèle de croissance plus équilibré sur le plan social et environnemental. Ces derniers jours, Hu s'est prononcé pour une hausse des dépenses de l'éducation et l'application d'une véritable protection sociale, et ce dans un contexte d'exaspération populaire croissante.

Parmi les autres signes émis par ce Congrès, et que les commentateurs se gardent bien d'interpréter de façon définitive tant le mystère entoure son déroulement, le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, a été maintenu au Comité central, une instance intermédiaire qui réunit les 204 dignitaires du Parti communiste, mais les observateurs qui s'attendaient à sa nomination comme vice-premier ministre guettent en vain des indices sur son sort. A la tête de la Banque centrale depuis 2002, il a assuré le désamarrage du yuan, la monnaie chinoise, du dollar, et s'est souvent depuis prononcé en faveur de la convertibilité du yuan. Il a parfois été critiqué pour avoir poussé le pays vers plus de libéralisation.

Autre attente déçue, Wang Qishan, maire de Pékin, pouvait espérer être admis au sein du Bureau politique du Parti (25 membres) et devenir vice-premier ministre en charge du secteur financier l'an prochain, comme l'espéraient certains dirigeants et financiers connus pour considérer que les réformes ont stagné ces dernières années. Il n'en est rien à ce stade.

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