Photographie : gagner au tirage

Le marché de l'art tricolore est cette semaine axé sur la photographie, avec enchères dédiées et salon parisien de haut niveau. Un marché très spéculatif. Des connaissances s'imposent.

Selon l'indice Artprice de la photographie ancienne et moderne, le marché assez stable jusque là, est subitement devenu spéculatif en l'an 2000. Du niveau 100 en 1990, après être retombé à 70 en 1996 puis remonté à 100 en 1999, il est passé à 173 en 2002 pour atteindre aujourd'hui 203. Autant dire que les prix, qui ne cessent de grimper, deviennent prohibitifs.

Ceci est surtout vrai pour certaines signatures, par exemple Man Ray, Cartier-Bresson, Doisneau, Riefensthal, Horst, Brassaï, Ronis, Weston, Goldin, Steichen, Mattelhorpe,... Le photographe de presse "yéyé" Jean Marie Perrier a ainsi vu sa cote, inexistante il y a trois ans, passer à 4.000 euros aujourd'hui pour un portrait de Françoise Hardy ou des Beatles.

Face à l'envahissement des clichés, avant d'acheter, quelques précautions s'imposent. SAVOIR: En dehors de la signature, du modèle et de la rareté, c'est la date du tirage qui fait le prix d'une photographie. Art multiple, la photographie permet l'obtention de nombreux tirages à partir d'un négatif. Pour un collectionneur avisé, c'est le tirage d'époque qui compte: s'il a lieu dans les 5 ans suivant la prise, on parle de "vintage ou de tirage d'époque". Entre un vintage et un retirage, même de meilleure qualité, l'écart de prix peut varier de 1 à 15, plus encore s'il s'agit de tirages posthumes, pour lesquels l'artiste n'a pas forcément donné son accord.

Le vintage s'applique aux épreuves entre les années 1918 et 1970. Avant on utilisait du papier soit albuminé, plus brillant, soit salé, le premier étant (légèrement) moins coté, mais pour ces antiques, c'est l'état de conservation qui est privilégié. Passées les années récentes, les photographes contemporains ont limité leurs tirages à une trentaine d'exemplaires, étant conscients que c'est la rareté qui fait le prix. Ces derniers exemplaires sont toujours signés. PRIX: le record - actuel - est détenu par "The Pond Moonlight, 1904" d'Edward Steichen, adjugé 2,1 millions d'euros par Sotheby's à New York en février 2006. Il pourrait bientôt être battu tant le marché est haussier.

Si l'on peut encore trouver des photographies à partir de 750 euros, la plupart des tirages de qualité démarrent à 2.000 euros, mais la moyenne d'une signature connue avoisine les 10.000 euros. S'il s'agit d'un portrait d'artiste connu (Picasso est très recherché), d'une scène populaire (Le "Baiser" de Doisneau) ou d'un évènement historique (Place Tienanmen), les prix des épreuves originales peuvent dépasser les 100.000 euros, tout comme les compositions d'entre deux guerres (les surréalistes de Man Ray) ou les tirages antiques (vues de Paris de Gustave Le Gray).

Les moins fortunés achètent à partir de 150 euros des vues "anonymes" du début du XXème siècle, oeuvres modestes illustrant une vie ou un quartier, mais dont on est (pratiquement) sûr que le négatif étant perdu, il n'y a qu'un unique exemplaire: certaines galeries se sont spécialisées dans ces clichés, estimant qu'il s'agit là d'une initiation à l'art photographique à moindre frais, car l'essentiel est d'acquérir "l'oeil".

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.