Les autres films de la semaine

Parmi les sorties de ce mercredi: "Gradiva", "Je suis l'autre", "La Faille", "Lucky you", "Je t'aime... moi non plus".

"Gradiva"
Les années passent et Alain Robbe-Grillet, né un 18 août 1922, continue d'enrichir sa biographie sans rompre avec ses obsessions favorites: la femme rêvée ou impossible, le désir sado-maso, la narration non narrative! Le 'pape du nouveau roman' dans les années 1950 donne une nouvelle oeuvre cinématographique, "Gradiva", où la femme reste d'une façon ou d'une autre inaccessible, où l'histoire se veut discontinue, trouble pour être mieux troublante.

Derrière cette Gravida se cache une nouvelle du Danois Wilhelm Jensen publiée vers 1900 racontant l'amour irrépressible d'un archéologue pour une statue de Pompéi. Finalement, le chercheur retrouvera l'amour... de son amie d'enfance qu'il croise justement à Pompéi. Euréka! Freud en fit une analyse, très critiquée à l'époque ("Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen").

Robbe-Grillet s'inspire de la nouvelle mais installe ses personnages au Maroc. Un jeune critique d'art John Locke (James Wilby), passionné de peinture orientaliste, est sur les traces de croquis qu'aurait laissé Delacroix du côté de Marrakech. Locke, qui n'est pas insensible aux charmes de sa belle servante Belkis - elle en pince aussi fort pour lui -, va croiser des faussaires, des prostituées violentées dans des bordels clandestins, des faux aveugles et puis Hermione (Arielle Dombasle), celle qui raconte des histoires et qui ressemble tellement à cette Gradiva suppliciée il y a deux siècles et dont des croquis non identifiés circulent.

Le film est plutôt foutraque, fantasmatique, joué décalé façon première année de conservatoire municipal. C'est voyeur sans être voyant. Bref, de belles images sur une succession de frustrations, de plaisirs inaccessibles ou dérobés. Du vrai Robbe-Grillet comme on l'aime. Mais Delacroix croquait plus rapidement.
J.P.B.

"Je suis l'autre"
Une étrange atmosphère de folie règne dans le film de la réalisatrice allemande Margarethe Von Trotta. Robert Fabry, jeune ingénieur, rencontre lors d'un voyage d'affaires Carlotta avec qui il passe la nuit. Le lendemain, il la retrouve sous les traits de Carolin Winter, brillante avocate chargée de s'occuper de ses affaires professionnelles. Epris d'elle, il cherche à la revoir, l'invite à dîner mais elle se montre plutôt froide.

Ce film psychologique a pour sujet une histoire de double personnalité où la trouble Carolin prolonge ses journées en devenant Carlotta la nuit, prostituée qui hante les hôtels. Déterminé à la sauver d'elle-même, Robert va plonger progressivement dans l'histoire familiale de cette avocate schizophrène et tout faire pour se faire aimer d'elle. Katja Riemann interprète de manière assez convenue ce personnage aux multiples facettes, tour à tour séductrice auprès des hommes, soumise et obéissante envers son père très autoritaire. Car la clé de son comportement remonte à l'enfance et à cette relation mêlée de culpabilité et d'amour qu'elle entretient avec lui.
I.M.

"La faille"
Original: le crime et son assassin sont révélés dans les toutes premières minutes du film. Ayant découvert que son épouse le trompe, Ted Crawford (Anthony Hopkins) décide de la tuer. Le suspense n'en est pas moins intense durant près de deux heures. Pour le jeune Willy Beachum (Ryan Gosling, décidément prometteur), ambitieux avocat en passe d'intégrer un cabinet de renom, toute la problématique va être de prouver que le meurtrier est bel et bien Ted Crawford. Car malgré ses aveux immédiats, ce dernier est rapidement blanchi, ayant mis au point le crime parfait. Entre l'avocat et l'assassin, le vieux renard et le jeune loup, s'instaure un rapport de force qui révélera la complexité des personnages. Une intrigue bien ficelée, crédible, aux accents hitchcockiens, avec pour atout la présence toujours aussi forte d'Anthony Hopkins, impeccable, à peine moins torturé et tout aussi élégant qu'en Hannibal Lecter.
C.M.

"Lucky you"
Joueur compulsif et tête brûlée au poker dans les salons de Las Vegas, Huck Cheever cherche à prendre un jour sa revanche sur son père, qui avait délaissé sa famille pour le jeu. Eternel inconstant dans sa vie sentimentale, il finit par s'éprendre de Billie Offer (Drew Barrymore), lucide sur la névrose de son compagnon. On s'ennuierait beaucoup moins à jouer qu'à regarder les interminables parties de poker de ce dernier film de Curtis Hanson ("8 miles", "L.A. Confidential"). La bande son relève très légèrement le niveau.
C.M.

"Je t'aime... moi non plus"
On connaît les rapports houleux entre cinéastes et critiques. La comédienne et réalisatrice Maria de Medeiros a entrepris de mettre au clair autant que faire se peut ces relations souvent passionnelles. Au festival de Cannes, elle a interviewé et filmé les uns et les autres. De l'empoignade à l'enrichissement mutuel, les témoignages croisés des cinéastes aguerris (Wim Wenders, Pedro Almodovar, Manuel de Oliveira, Atom Egoyan...) et de critiques qui ne le sont pas moins sont toujours passionnants. En prime, le film est un excellent documentaire sur les étranges meurs de la tribu cannoise qui, pendant 10 jours, ingurgite des films à forte dose.
N.T.

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