Programmation de fête à Beaune

Un quart de siècle, ça se fête! Pour l'occasion, le festival international d'opéra baroque de Beaune retrouve ses fidèles et offre, du 6 au 29 juillet, un programme d'exception.

C'est baignée de ses souvenirs de vacances, de fouilles archéologiques en dégustations de vin initiées par son grand-père bourguignon, qu'Anne Blanchard, directrice artistique du festival international d'opéra baroque, est venue s'installer à Beaune il y a quelques années.

"La première édition du festival a eu lieu en 1983, s'inscrivant tout naturellement dans les célébrations de l'année Rameau", explique l'historienne. "Pour nous le choix d'un répertoire baroque relevait de l'évidence. Cela faisait déjà quelques années que nous allions dans les petites églises du côté de la rue Mouffetard écouter William Christie ou Jordi Savall, ou à l'Institut de Musique et de Danse Anciennes suivre les conférences de Philippe Beaussant. A l'époque, nous n'étions pas nombreux".

Un petit groupe de pionniers, donc, que l'on retrouve 25 ans plus tard, plus animés que jamais dans leur passion baroque, et qui nous offrent ces quatre prochains week-ends un impressionnant florilège.

William Christie et ses Arts Florissants viendront ainsi offrir aux cieux chamarrés de l'Hôtel-Dieu "La Création" de Haydn, tandis que Jordi Savall déploiera ses "Folias" dans la fraîcheur de la Basilique du XIIe siècle. Toutes en fervente sobriété, les cantates de Bach et de Buxtehude, dirigées par le grand Ton Koopman, s'y élèveront aussi, ainsi que le tourbillon des musiques de fêtes à Venise de Gabrieli et Monteverdi dirigées par Jean Tubéry. Marc Minkowski et les musiciens du Louvre-Grenoble, de retour du Festival d'Aix-en-Provence, seront également de la fête avec "L'enlèvement au sérail", de Mozart.

Le festival marque à nouveau sa volonté de donner les rênes à de jeunes chefs, comme il l'avait fait à l'époque avec Emmanuelle Haïm, Christophe Rousset, Paul Mc Creesh et Rinaldo Alessandrini, qui revient cette année avec l'Orfeo de Monteverdi (voir l'entretien ci-dessous). La "jeune garde" sera donc représentée ici par Jérémie Rohrer et son Cercle de l'Harmonie, venus présenter "Les noces de Figaro".

L'heure des récitals sonnera enfin chaque dimanche, avec les contre-ténors Lawrence Zazzo et Andreas Scholl et la mezzo-soprano Renata Pokupic.

Festival de Beaune du 6 au 29 juillet 2007. Tél: 03.80.22.97.20. www.festivalbeaune.com. Rinaldo Alessandrini, "L'Orfeo" sur le bout des doigts

"L'Orfeo" est le premier opéra. De l'Histoire, puisqu'il fut joué pour la première fois à Mantoue le 24 février 1607. Et le premier de l'histoire du Festival de Beaune. L'oeuvre de Monteverdi est de retour cette année sous la direction d'un chef qui la connaît sur le bout des doigts, Rinaldo Alessandrini.

Latribune.fr. Nous fêtons cette année le 400e anniversaire de l'opéra, avec "L'Orfeo" de Monteverdi. Qu'est-ce qui selon vous fait la modernité de l'oeuvre ?

Rinaldo Alessandrini. Je crois que cela s'explique par la modernité de l'histoire qu'il raconte, celle d'un sacrifice d'amour, et par la modernité des questions qu'il soulève, notamment celle de la puissance de l'art, de la recherche d'une certaine identité à travers l'art, ici plus particulièrement à travers la musique. Orfeo exploite ses caractéristiques à travers la musique. Il est le symbole de la musique dans cet opéra, c'est lui qui fait que la musique devient un élément concret dans la vie des hommes. Ce rapport là, entre la vie et l'art, est une question très moderne. Il faut dire que l'oeuvre a été composée à une époque de remises en cause importantes dans l'art en général et dans la musique en particulier, une époque charnière. D'ailleurs les aspects vocaux de l'oeuvre sont baroques, tandis que la sonorité est plutôt renaissante.

Comment avez-vous abordé cette partition ?

J'ai voulu sortir des sentiers battus. Un de mes objectifs a été de remettre en connexion la musique et la culture italiennes. Nous ne pouvons pas oublier notre ville, notre histoire et notre langue. Nous ne pouvons pas interpréter l'Orfeo en oubliant que nous sommes italiens!

Une approche spéculative conforme à celle que vous avez de manière générale avec l'ensemble Concerto Italiano depuis sa fondation en 1984...

Oui! A l'époque, je pense que c'était un peu un devoir d'avoir une approche différente de la musique baroque et de lui restituer de véritables conditions historiques. C'était même une question d'éthique professionnelle. D'ailleurs, on retrouve la même approche intellectuelle aujourd'hui pour le répertoire un peu plus tardif, puisqu'on a arrêté de jouer Mozart comme on joue Verdi ou de jouer Beethoven comme on joue Stravinsky. On ne peut pas aborder toutes les oeuvres avec le même critère, il faut respecter l'histoire, en avoir une connaissance scientifique adéquate.

Nouveauté CD: "L'Orfeo" de Claudio Monteverdi par le Concerto Italiano, dir. Rinaldo Alessandrini (Naïve). A paraître en août 2007.

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