Minsk annule les droits de douane sur le transit du pétrole russe

Les présidents des deux pays se sont entretenus au téléphone d'une prochaine sortie de crise. La Biélorussie fait un geste en retirant la taxe sur le transit du pétrole russe qui avait fortement irrité Moscou et entraîné la fermeture de l'oléoduc Droujba.

La Biélorussie a annoncé ce mercredi avoir annulé les droits de douane qu'elle imposait depuis le 1er janvier sur le transit du pétrole russe à travers son territoire. Plus tôt dans la journée, les présidents russe Vladimir Poutine et biélorusse Alexandre Loukachenko s'étaient entretenus au téléphone d'un "compromis (...) permettant de sortir de l'impasse concernant le transit du pétrole russe par le territoire de la Biélorussie à destination des pays d'Europe".

Le Premier ministre biélorusse se rendra ce jeudi à Moscou pour conduire les négociations avec la partie russe, selon le porte-parole du gouvernement de Minsk. Avec ce geste des autorités biélorusses, plus rien ne devrait s'opposer à une fin de crise et à la reprise des livraisons de brut russe, via l'oléoduc Droujba, vers l'Europe.

Réagissant à l'imposition par Moscou le 13 décembre d'une taxe d'exportation de 180 dollars la tonne dont seule la Biélorussie était épargnée jusqu'à présent, Minsk avait imposé unilatéralement une taxe de transit de 45 dollars la tonne de pétrole russe transitant par son territoire. Moscou a confirmé mardi être à l'origine de la coupure des livraisons, après avoir attribué le problème à un prélèvement "illégal" de brut par Minsk.

L'oléoduc Droujba fournit 12,5% de la consommation européenne de pétrole. Cinq pays européens (Allemagne, Pologne, Hongrie, Slovaquie et République tchèque) ont ainsi cessé subitement de recevoir du brut par ce pipeline. Ces coupures ont été vivement critiquées, la chancelière allemande Angela Merkel estimant qu'elles "détruisaient la confiance" envers la Russie.

Les analystes estimaient toutefois que la crise ne pouvait durer très longtemps en raison de son impact sur l'économie biélorusse, petit pays de l'ex-URSS totalement dépendant économiquement de Moscou, sur la filière pétrolière russe et plus généralement sur l'image de la Russie. "Etant donné le coût politique et économique de cette querelle pour la Russie et la Biélorussie, nous nous attendons à un accord dans la semaine qui vient avec une reprise totale des livraisons de pétrole à l'Europe", soulignait ce mercredi matin une analyse de la banque Deutsche UFG (groupe Deutsche Bank).

De son côté, la presse russe voyait mercredi dans cette crise une nouvelle occasion pour Moscou de perdre sa réputation de fournisseur fiable d'énergie, après le précédent de la guerre du gaz avec l'Ukraine en 2006 qui avait aussi perturbé les livraisons à l'Europe. "Pendant la Guerre froide, la Russie se présentait comme un fournisseur de confiance (...) Cet argument n'est plus du tout convaincant pour les Européens", estimait le quotidien Vremia Novosteï.

"La Russie est de moins en moins considérée comme un partenaire fiable (...) L'on commence à se demander à quel point est réaliste la stratégie annoncée par Vladimir Poutine en 2005, consistant à transformer la Russie en super puissance énergétique", renchérissait quant à elle Gazeta.

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