Les salariés allemands d'EADS se mobilisent

Les salariés d'Airbus en Allemagne menacent de retarder les livraisons si sa société-mère EADS n'abandonne pas son plan de réduction des coûts. Un plan qui viserait entre 5.000 et 8.000 emplois allemands, selon les syndicats.

Les salariés d'EADS brandissent une menace particulièrement désagréable pour leur employeur: provoquer des retards de livraisons d'avions, si le groupe poursuit son plan de réduction de coûts. Des salariés d'Airbus en Allemagne font ainsi pression sur la direction de la maison mère de l'avionneur, EADS, qui prépare un tel plan de réduction.

Selon les syndicats, ce sont plus de 24.000 employés et fournisseurs qui sont prêts à se battre pour l'avenir des sept usines de l'avionneur en Allemagne, dont 12.000 appartiennent au site principal d'Hambourg et 3.000 à Brême. En France, il y avait aujourd'hui une centaine de manifestants à Toulouse, au siège de l'avionneur, pour défendre l'avenir des emplois européens du groupe.

EADS a annoncé son plan de restructuration, appelé Power8, après les retards de livraison de l'A380, qui lui coûtent près de 5 milliards d'euros de profits. Le groupe souhaite faire quelques 5 milliards d'euros d'économies d'ici 2010 et réduire les coûts de 2 milliards d'euros chaque année après cette date. Selon les syndicats allemands, de telles mesures impliquent la réduction de 5.000 à 8.000 emplois en Allemagne sur 22.300 au total.

IG Metall, le premier syndicat allemand, et les représentants des salariés de la branche allemande d'Airbus, ont brandi cette menace alors que plusieurs milliers de salariés participaient aujourd'hui à des actions de protestation contre le plan d'économies et pour la préservation des sept usines allemandes

"Si nous constatons que nous ne parvenons pas à nos fins, l'entreprise devra revoir ses prévisions de livraisons pour 2007", a déclaré Rüdiger Lütjen, président du conseil d'entreprise d'Airbus Allemagne. "Nous n'allons certainement pas rester sans rien faire une fois que les mesures de réduction des coûts auront été décidées."

Jutta Blankau, responsable régionale d'IG Metall, a dit pour sa part que le syndicat pourrait appeler à de nouvelles actions, une fois connu le plan d'économies, qui doit en principe être présenté avant la fin de ce mois. "Les manifestations en Allemagne marquent le début d'un mouvement européen si le management d'EADS licencie massivement et ferme des sites", indique de son côté le secrétaire national du syndicat, Peter Scherrer.

De leur côté, les syndicats français ont adressé cette semaine à plusieurs responsables politiques une lettre ouverte en appelant l'Etat français "à assumer ses responsabilités en tant qu'actionnaire du groupe EADS et en tant que garant de l'intérêt des citoyens", réclamant notamment la préservation des sites de production de l'avionneur européen. "Nous ne ferons rien avant le 20 février prochain", indique Julien Talavan (FO-Airbus).

A cette date, le plan de restructuration Power 8 visant à réduire les coûts de 2 milliards d'euros par an d'ici 2010 sera détaillé en comité d'entreprise par Louis Gallois, PDG d'Airbus et coprésident d'EADS. Si ce dernier a indiqué que le plan se ferait en concertation avec les syndicats, les licenciements secs et les fermetures d'usines sont néanmoins redoutés.

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