Les hedge funds n'ont pas été épargnés par la crise boursière de cet été

Les hedge funds sont-ils responsables de la crise financière? Il est facile de faire porter le chapeau à ces instruments financiers, accusés comme souvent de tous les maux. Mais ce n'est, en l'occurence, pas vraiment le cas. Un point d'étape sur leur rôle et sur leurs réactions s'impose.

De quelle manière la crise boursière estivale a-t-elle impliqué les hedge funds? "A l'origine, ils n'étaient pas directement concernés, rappelle Jean-Louis Juchault, président de Systeia, filiale de gestion alternative du groupe Crédit Agricole. Les incertitudes centrées sur l'immobilier américain ont d'abord généré une crise de confiance au sein du secteur bancaire, se développant ensuite en une crise de crédit et de liquidité qui s'est alors propagée à tout l'univers financier". Dans cet environnement ont été particulièrement touchés les hedge funds qui étaient impliqués sur des stratégies en prise sur l'univers du crédit ou qui ont été frontalement confrontés à un problème de liquidité, notamment pour ceux d'entre eux qui ont dû faire face à une trop forte demande de retraits avec des préavis courts.

Les performances de l'ensemble des familles de stratégies alternatives ont en tout cas été affectées sur le mois d'août, et rares sont les hedge funds qui ont pu rester à l'abri de ces turbulences. A l'exception parfois de celles centrées sur la volatilité, les stratégies d'arbitrage sur convertibles et sur les obligations d'entreprises ont été particulièrement touchées, tout comme celles liées à des événements sur des sociétés (dettes "distressed" de sociétés en difficulté, Fusions&Acquisition, situations spéciales).

Les approches global macro ont été notoirement affectées: l'indice HFR global macro a ainsi perdu 7% sur le mois d'août. De grands hedge funds à forte notoriété ont lâché du lest sur le mois d'août: -4,5% pour Highbridge, -5,5% pour Tudor, -6,5% pour Moore, -10% pour Atticus. Mais pour la plupart dès la mi-septembre, ils revenaient en territoire positif (de 0 à +2%) depuis le 1er janvier, la fin du mois d'août ayant donné lieu à un certain retour au calme grâce à la réactivité des banques centrales. En termes de rendements, "l'année 2007 devrait finalement s'avérer modérée mais positive" estime Jean-Louis Juchault.

A dire vrai, ces chiffres pris isolément ne sont pas alarmants si l'on compare une baisse d'environ 2,5% sur l'indice composite global HFR en août aux pertes subies sur la même période par des actions en direct comme les financières (de -8 ou -12%).

Stanilas Bernard, directeur de la gestion alternative chez Rothschild & Cie Gestion, confirme cette analyse: "cette crise du crédit, exprimée en crise de liquidité, a ensuite affecté toutes les classes d'actifs, du fait d'un renversement spectaculaire de l'appétit pour le risque et d'un mouvement de fuite vers la qualité. Ce mouvement ne pouvait donc qu'affecter l'ensemble des stratégies alternatives. Sur le marché des dérivés de crédit, de nombreux investisseurs ont paniqué et ont voulu acheter de la protection contre le risque de défaut à n'importe quel prix. Mais les hedge funds qui étaient dans le mauvais sens n'ont pas coupé leurs positions quand ils n'y étaient pas contraints. Ils n'ont donc pas matérialisé de pertes nettes mais ont néanmoins subi momentanément des baisses de valorisation reflétant ces aberrations de prix. Les marchés s'étant quelque peu normalisés par la suite, la plupart d'entre eux ont pu rebondir."

Certains ont su tirer leur épingle du jeu. La société Paulson a ainsi vendu à découvert des mortgage subprime, des crédits hypothécaires à risque, BBB dès l'été 2006 et réalisé de ce fait de très belles performances en 2007 sur ses fonds "short" crédit (vendant à découvert), avec des gains supérieurs à 100%. "Preuve en est qu'en cas de maintien d'une tendance baissière, comme en 2001-2002, les meilleurs hedge funds sauront trouver les stratégies adaptées pour surperformer," ajoute Stanislas Bernard.

Comme toujours dans ce genre de situation post-traumatique, les professionnels prévoient un mouvement de consolidation favorable aux meilleurs gérants, car dans un tel contexte il sera plus difficile de lever des capitaux pour lancer de nouveaux hedge funds, du fait de la crise de confiance généralisée.

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