Siemens fait de la croissance organique sa nouvelle priorité

Après plusieurs années où il a multiplié les acquisitions, le groupe allemand s'est prescrit une pause pour consolider sa situation financière et réussir l'intégration de ses nouvelles filiales. Une stratégie définie par l'ensemble des membres du directoire actuel.

Klaus Kleinfeld visiblement n'a toujours pas vraiment compris pourquoi il doit porter le chapeau des affaires de corruption et quitter Siemens. En présentant les bons résultats des six premiers mois de l'exercice, le patron du groupe allemand, la mine grave, n'avait qu'une explication en tête. La situation actuelle nécessitait plus que jamais que son président soit incontesté. Puisqu'on refusait de prolonger son contrat qui arrive à terme au 30 septembre, il n'avait pas d'autre solution que de laisser sa place.

"Ce sont les chiffres dont nous avons toujours rêvé", a-t-il répété plusieurs fois en en analysant le détail. Près de deux milliards de résultat opérationnel entre janvier et mars. Presque 50% de hausse en un an. Toutes les divisions, surtout, ont rempli les objectifs que la direction du groupe leur avait définis. De manière durable assurément, a même renchéri le directeur financier Joe Kaeser.

Personne ne le conteste. Pas même au conseil d'administration. Mais la pression de la SEC, l'autorité boursière américaine, qui a fait savoir en mars à Siemens qu'elle avait ouvert une enquête formelle sur le groupe, a suffi pour convaincre une majorité d'administrateurs qu'il fallait prendre les grands moyens.

Et donc qu'il ne suffisait pas qu'Heinrich von Pierer qui a dirigé le groupe jusqu'en janvier 2005 renonce à la présidence du conseil de surveillance. Que tout ceux qui éventuellement pouvaient faire l'objet d'enquête à l'avenir pour avoir su ou mal contrôlé devaient quitter leurs fonctions.

Un coup de balai large qu'attendent aujourd'hui les experts. Un coup de balai surtout défendable alors que Siemens semble en pleine forme. Le sort de la division communication qui a entaché les comptes du groupe à de nombreuses reprises ces derniers temps est scellé. SBS, la division de services informatiques, a été repositionnée et a retrouvé la voie des bénéfices. Même chose pour la division ferroviaire confrontée ces dernières années à des incidents techniques.

"La réalisation du programme Fit4more défini il y a deux ans prouve la puissance qui se cache derrière Siemens", a bien insisté Klaus Kleinfeld, rappelant au passage que le groupe a vu son chiffre d'affaires grimper de 15% par an ces deux dernières années alors que l'économie mondiale n'a progressé que de 4%.

Un développement imputable en partie aux multiples acquisitions réalisées dans les trois domaines de prédilection du groupe, l'énergie et la protection de l'environnement, les automates et les infrastructures industrielles, ainsi que l'équipement médical.

"Nous voulons profiter de l'élan entraîné par Fit4more pour continuer à nous développer stratégiquement" a-t-il toutefois ajouté en présentant Fit for 2010. Celui-ci prévoit une croissance du chiffre d'affaires toujours au moins deux fois supérieure à celle de l'économie mondiale, un retour sur le capital investi (ROCE) de 14 à 16% en 2010 contre 10% en 2006 et un rapport cash-flow sur bénéfice net d'au moins un.

Un dernier point qui montre que les priorités du groupe désormais sont à la consolidation.
"Le cash-flow s'est nettement amélioré ce dernier trimestre et reste négatif seulement à cause de la reprise des activités de Bayer mais il est clair que la priorité désormais est à une consolidation des acquisitions et à l'intégration de nos nouvelles filiales", a reconnu le directeur financier Joe Kaeser en laissant entendre que les fonds ne couleraient plus à flot.

Il n'a pas exclu non plus le désengagement de certaines activités en fonction des opportunités du marché. La première opération va d'ailleurs être la mise en Bourse de sa division d'équipement auto VDO dans les prochaines semaines. Les acquisitions en revanche ne sont plus à l'ordre du jour. Un léger changement de cap qui prouve que le groupe cache encore sous ses excellents résultats des faiblesses.

Et les affaires de corruption qui secouent le groupe depuis novembre coûtent cher. Entre janvier et mars, Siemens a déjà dépensé 63 millions d'euros pour les divers frais d'expertises et d'avocats nécessaires pour faire le point et mettre en place des structures irréprochables. Certains experts pensent que les enquêtent pourraient durer au moins deux ans. Autant dire que ce sont plusieurs centaines de millions, outre son problème d'image, que le groupe aura brûlé au passage.

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