Le savoir-vivre du savoir-mourir

Un homme respectueux de la nature va mourir. Avec lucidité, il raconte sa vie à ses proches. Une histoire simple, narrée avec la force de l'écriture d'un des plus grands romanciers contemporains.

Décidément, Jim Harrison aime la vie : l'un des plus imposants écrivains américains d'aujourd'hui sait faire de la simple confession d'un agonisant un formidable hymne à la nature et un hommage à l'humanisme.

Donald, métis un peu finnois et beaucoup indien Chippawa est atteint d'une irrémédiable sclérose en plaque : sachant qu'aucun de ses proches ne connaît l'histoire, mouvementée, de sa famille, incapable d'écrire tant par sa faiblesse physique que par sa méconnaissance de l'orthographe, dicte dans le désordre à sa femme les péripéties qui ont marqué l'épopée des Clarence du froid Michigan.

En quatre récits, de Donald d'abord, de Kenneth dit K son neveu ensuite, de David, son beau-frère et enfin de Cynthia, son épouse, tous adorés, on passe progressivement de la maladie à l'agonie puis aux funérailles et à l'enterrement, le tout dans la dignité et la gaîté.

Mais qu¹importe la mort, ici, c'est la vie qui prime, dans ses moments de joie comme de déboires, avec, en permanence, l'absolu besoin d'une nature omniprésente. Les ours, les corbeaux, les chevaux, les truites ou les chiens sont autant de héros que les membres d'une famille pourtant soudée, qui aime
les beuveries conviviales, les escapades inattendues, les amours à la belle étoile ou les voitures déglinguées.

Le fil conducteur, comme dans tous les romans de Jim Harrison, demeure la sensualité, d'autant que la plume de cet immense auteur qui alterne démesure et dépression est ici trempée, non dans
le deuil , mais dans l'espoir.

Les amateurs, forcément "accros" des précédents ouvrages de Jim Harrison retrouveront certains des personnages et des lieux qui hantent ses obsessions, les autres, peuvent dévorer ­ c'est le terme gargantuesque qui convient - ce livre avec déléctation, tant il est savoureux.


Renseignements pratiques :
- "Retour en terre" par Jim Harrison, traduction de Brice Matthieusaint,
Christian Bourgois éditeur, 324 pages, 23 euros
A lire également :
- "Jim Harrison de A à X" par Brice Matthieusaint, Christian Bourgois
éditeur, 315 pages, 8 euros.
Indispensable pour mieux connaître "Big Jim" par son fidèle traducteur et
surtout son ami.
- Réédition en 10/18 de "L'été où il faillit mourir", trois courts et superbes récits et "Aventures d'un gourmand vagabond", recueil de lettres d'agapes solides,
deux livres en format de poche de Jim Harrison

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